ll n’y a pas d'ours blanc... Flaubert !

"ll n’y a pas d'ours blanc sur son glaçon du pôle qui vive dans un plus profond oubli de la terre. Ma nature m’y porte démesurément, et en second lieu, pour arriver là, j'y ai mis de l'art. 
Je me suis creusé mon trou et j’y reste, ayant soin qu'il y fasse toujours la même température. Qu'est-ce que m’apprendraient ces fameux journaux que tu désires tant me voir prendre le matin avec une tartine de beurre et une tasse de café au lait ? Qu’est-ce que tout ce qu’ils disent m’importe ? Je suis peu curieux des nouvelles ; la politique m’assomme ; le feuilleton m’empeste ; tout cela m’abrutit ou m’irrite (…)
Oui, j’ai un dégoût profond du journal, c'est-à-dire de l'éphémère, du passager, de ce qui est important aujourd’hui et de ce qui ne le sera pas demain. Il n’y a pas d'insensibilité à cela ; seulement je sympathise tout aussi bien, peut-être mieux, aux misères disparues des peuples morts auxquelles personne ne pense maintenant, à tous les cris qu’ils ont poussés, et qu’on n’entend plus. (...)
Je suis le frère en Dieu de tout ce qui vit, de la girafe et du crocodile comme de l’homme, et le concitoyen de tout ce qui habite le grand hôtel garni de l'Univers."

Lettre à Louise Colet, 26 Août 1846.

Voilà donc qui m'est parfait. 
Qu'aurait-il dit des réseaux, égouts à ciel ouvert aimablement qualifiés de sociaux ? Sans doute aurait-il modéré son appréciation sur la fraternité dont il se prévalait - avec l'homme s'entend...

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