Lumière... Musique...


"Le crépuscule arrondit délicatement les angles droits des rues. L'obscurité pèse sur la ville d'asphalte fumant, écrase les châssis des fenêtres, les réclames, les cheminées, les réservoirs, les ventilateurs, les échelles de sauvetage, les
moulures, les ornements, les cannelures, les yeux, les mains, les cravates. Elle en fait des masses bleues, d'énormes blocs noirs. Sous le roulement compresseur, plus fort, toujours plus fort, les fenêtres laissent échapper de la lumière.
La pression de la nuit fait jaillir du lait brillant des lampes à arc, comprime les blocs sombres jusqu'à en faire dégoutter de la lumière rouge, jaune, verte, dans les rues où les pas résonnent. Tout l'asphalte suinte de la lumière. De la
lumière gicle des réclames sur les toits, tourne vertigineusement dans les roues, colore des tonnes roulantes de ciel."


Le souvenir de Philippe Paringaux, il y a une quarantaine d'années - au moins... - suggérant de remplacer "lumière" par "musique" dans cette introduction au chapitre cinq -  Rouleau à vapeur -  du Manhattan Transfer de Dos Passos.
Et de suggérer, qu'ainsi faisant, on obtiendrait Soft Machine - le groupe, non le roman de Burroughs.

La pertinence de la référence à Soft Machine - le groupe - ne me paraît plus d'une évidence telle... le temps a fait son œuvre... musique glacée d'intellos anglais parmi lesquels un batteur fou et trotskiste, hélas bientôt tétraplégique, s'était égaré.
Ceci plutôt... Night Trains, Dance of the Drunken Mantis.

https://youtu.be/nJyd61wS8t0

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