En un mot comme en cent...

"L'homme d'aujourd'hui se voit plus que jamais menacé par la "sphère" inférieure, celle des sombres instincts indomptés, les siens autant que ceux d'autrui. 

Les siens parce que, face à une époque qui le dépasse, il ne peut que subir sans répit son impuissance, parce que l'introspection et l'autocritique vont de l'avant et qu'en ces temps de révolution, il sent que l'anarchie approche, qu'elle est là. 

Les instincts d'autrui, car les liens et les rapports entre l'homme et l'homme, entre l'homme et la société sont devenus incomparablement plus puissants, aujourd'hui que les classes sociales inférieures et moins cultivées font pression sur une intelligentsia qui s'en trouvait jusqu'à ce jour plus ou moins isolée. 

Et tout le bouleversement de la hiérarchie qui naguère encore régissait l'individu autant que la collectivité fait qu'un sombre océan d'éléments immatures et sauvages nous oppresse avec une force accrue et, en nous refoulant vers une sorte d' "adolescence récurrente", il nous oblige à une violente révision de notre comportement tout entier."

Gombrowitz écrit cela en 1938, dans un article - La Patience du papier -juste avant son départ pour l'Argentine et un séjour qui durera jusqu'en 1963.

Où l'on peut vérifier une fois encore, que l'éternelle pertinence de L'Écclésiaste, qui sempiternellement nous assène qu'"il n'y a rien de nouveau sous le soleil"...



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