Bastia, l'Arabe du Sporting et Hocine Aït Ahmed
Quand j'étais enfant, dans le quartier du Théâtre à Bastia, nous étions une quinzaine de gosses à passer notre temps à jouer au foot dans la cour de l'école du Centre.
Je ne savais pas que c'étaient les plus belles années de ma vie. Mais chi si ne frega, là n'est pas la question : nous étions heureux.
J'ai le souvenir d'un monsieur qui n'habitait pas au Théâtre mais avait dans le quartier une maîtresse. Je le savais parce que j'avais toujours eu envie d'embrasser sa fille, à la dame. Elle s'appelait Brigitte. Je n'y parvenais pas et ça m'embêtait. Mais bon, à cet âge je préférais le foot...
Ce monsieur parfois venait nous voir jouer: il nous donnait quelques conseils, nous encourageait, bref nous faisait cadeau d'une partie de son temps.
Il s'appelait Abderrahmane, et jouait au Sporting de Bastia, à l'époque amateur, dont il était aussi l'entraîneur.
Je savais qu'il était algérien parce que je connaissais l'Algérie, moi ! Mon père y était né et nous avions fait escale à Alger en rentrant d'Afrique noire.
Et puis je lui avais demandé ce que signifiaient ces grandes inscriptions tracées au pinceau sur les murs - pas de bombages en ces temps - ou au goudron, Référendum, OAS.
Mais je ne savais pas s'il était arabe, berbère, musulman ou autre, l'entraîneur.
Je ne savais pas que ça existait tout ça...
Comme je ne savais pas que nous étions tous corses : ça je l'ai su un peu plus tard, quand les premiers enfants de pieds-noirs sont arrivés au Vieux Lycée.
C'est dire si nous étions racistes...
À propos de pied-noirs, et même si ça n'a rien à voir. Quoique..
Le dernier des chefs historiques du FLN algérien vient de mourir. Il s'appelait Hocine Aït Ahmed.
Après avoir quitté l'Algérie en 1966 suite au coup d'état de Boumédienne, il avait passé 23 ans d'exil en Suisse avant de rentrer en Algérie, pour la quitter définitivement en 1999 : la réalité de l'Algérie indépendante lui avait fait abandonner tout espoir en une Algérie démocratique.
De son exil, en 2005, il avait estimé que "chasser les pieds-noirs a été plus qu’un crime, une faute car notre chère patrie a perdu son identité sociale".
Et ajoutait : "N’oublions pas que les religions, les cultures juives et chrétiennes se trouvaient en Afrique bien avant les arabo-musulmans, eux aussi colonisateurs, aujourd’hui hégémonistes. Avec les pieds-noirs et leur dynamisme – je dis bien les pieds-noirs et non les Français -, l’Algérie serait aujourd’hui une grande puissance africaine méditerranéenne. Hélas ! Je reconnais que nous avons commis des erreurs politiques et stratégiques. Il y a eu envers les pieds-noirs des fautes inadmissibles, des crimes de guerre envers des civils innocents dont l’Algérie devra répondre au même titre que la Turquie envers les Arméniens".
Comme elle ne repasse jamais les plats, l'histoire ne sert jamais de leçon. À personne.
Ce serait trop facile sinon...
Je ne savais pas que c'étaient les plus belles années de ma vie. Mais chi si ne frega, là n'est pas la question : nous étions heureux.
J'ai le souvenir d'un monsieur qui n'habitait pas au Théâtre mais avait dans le quartier une maîtresse. Je le savais parce que j'avais toujours eu envie d'embrasser sa fille, à la dame. Elle s'appelait Brigitte. Je n'y parvenais pas et ça m'embêtait. Mais bon, à cet âge je préférais le foot...
Ce monsieur parfois venait nous voir jouer: il nous donnait quelques conseils, nous encourageait, bref nous faisait cadeau d'une partie de son temps.
Il s'appelait Abderrahmane, et jouait au Sporting de Bastia, à l'époque amateur, dont il était aussi l'entraîneur.
Je savais qu'il était algérien parce que je connaissais l'Algérie, moi ! Mon père y était né et nous avions fait escale à Alger en rentrant d'Afrique noire.
Et puis je lui avais demandé ce que signifiaient ces grandes inscriptions tracées au pinceau sur les murs - pas de bombages en ces temps - ou au goudron, Référendum, OAS.
Mais je ne savais pas s'il était arabe, berbère, musulman ou autre, l'entraîneur.
Je ne savais pas que ça existait tout ça...
Comme je ne savais pas que nous étions tous corses : ça je l'ai su un peu plus tard, quand les premiers enfants de pieds-noirs sont arrivés au Vieux Lycée.
C'est dire si nous étions racistes...
À propos de pied-noirs, et même si ça n'a rien à voir. Quoique..
Le dernier des chefs historiques du FLN algérien vient de mourir. Il s'appelait Hocine Aït Ahmed.
Après avoir quitté l'Algérie en 1966 suite au coup d'état de Boumédienne, il avait passé 23 ans d'exil en Suisse avant de rentrer en Algérie, pour la quitter définitivement en 1999 : la réalité de l'Algérie indépendante lui avait fait abandonner tout espoir en une Algérie démocratique.
De son exil, en 2005, il avait estimé que "chasser les pieds-noirs a été plus qu’un crime, une faute car notre chère patrie a perdu son identité sociale".
Et ajoutait : "N’oublions pas que les religions, les cultures juives et chrétiennes se trouvaient en Afrique bien avant les arabo-musulmans, eux aussi colonisateurs, aujourd’hui hégémonistes. Avec les pieds-noirs et leur dynamisme – je dis bien les pieds-noirs et non les Français -, l’Algérie serait aujourd’hui une grande puissance africaine méditerranéenne. Hélas ! Je reconnais que nous avons commis des erreurs politiques et stratégiques. Il y a eu envers les pieds-noirs des fautes inadmissibles, des crimes de guerre envers des civils innocents dont l’Algérie devra répondre au même titre que la Turquie envers les Arméniens".
Comme elle ne repasse jamais les plats, l'histoire ne sert jamais de leçon. À personne.
Ce serait trop facile sinon...
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