De l'intérêt pour les Révolutions de mettre la beauté à genoux.

En Mai 1803, le jeune Arthur Schopenhauer, âgé de quinze ans, entreprend un voyage d'un peu plus d'un an qui va le mener à travers l'Europe en compagnie de ses parents.
Le 24 Mai 1804, il se trouve à Avranche en Suisse, et note ce qui suit dans le journal qu'il tient quotidiennement :" Ce matin il pleuvait très fort. Je suis néanmoins allé voir un pavé antique de mosaïques qu'un paysan a exhumé de son champ. Ce monument, témoignage de la splendeur ancienne, couvre le sol d'une grange. Le pavé est extraordinairement grand, et on l'avait trouvé dans un état de parfaite conservation, mais la frénésie aveugle d'une horde de carmagnoles détruisit gratuitement cette oeuvre d'art sacré, que le temps avait épargné durant un millénaire. "

Ceux qu'il nomme ici "carmagnoles" ne sont autres que les extrémistes jacobins, ainsi nommés d'après leurs vêtements, qui étaient manifestement persuadés que le triomphe de la Révolution française dépendait de la destruction d'une oeuvre d'art romaine. L'ironie de l'histoire veut que celle-ci avait échappé à la mise à sac de la cité d'Avanticum par les Alamans en 258 !

Rien de nouveau donc sous le soleil pour les barbares de toutes les époques sous toutes les latitudes : l'acharnement bestial mis en oeuvre par les Salafistes ou autres Islamistes plus ou moins dégénérés à la destruction du joyau de Palmyre en est, hélas, la démonstration contemporaine.
Faut-il avoir une si piètre opinion de la cause que l'on défend pour la croire ainsi menacée par la beauté créée par le génie humain.



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