Le 1er Mai de mon cousin qui enterrait les oiseaux.
Il y a une quarantaine d'années, nous étions, avec mon cousin, étudiants. Avec un intérêt certain pour la politique. Nous étions si jeunes.
C'était la période de sa vie où il flirtait avec les Jeunesses Communistes. Ce qui comportait quelques obligations militantes. Un matin de 1er Mai donc, il se leva pour aller défiler.
Je le découvris l'après midi, à mon réveil, le bras en écharpe, plâtré. Il avait couru sous la pluie vers l'arrêt de bus, craignant d'être en retard, et avait glissé : bras cassé.
Il avait simplement oublié qu'il n'y avait pas de bus le 1er Mai.
Il avait de ces absences, mon cousin...
Nous nous aimions beaucoup. Enfants, nous faisions au village de longues balades à vélo. Un jour, nous avions découvert sur le bord de la route le corps d'un petit oiseau qui venait de mourir. Ça ne m'avait ému pas plus que ça, mais mon cousin avait sorti de sa poche une de ces feuilles verdâtres et rêches qui tenaient lieu de papier hygiénique, y avait délicatement posé l'oiseau avant de l'enterrer. Le genre de geste qui peut racheter une vie entière.
Il avait beaucoup de cœur mon cousin...
Et puis sa vie a du lui faire bien du mal, et moi aussi peut-être. Il a donc décidé de blinder son cœur. Ceux qu'il a décrété ses amis l'y ont beaucoup aidé. Ça sert, les amis.
Un jour, bien plus tard, il s'est retrouvé en prison pour une cause politique donc honorable. Stupide mais honorable. Je lui avais fait parvenir quelques feuillets pour que son esprit s'évade plus facilement au moins le temps d'une lecture. Et pour lui dire que je l'aimais.
Je le revis bien sûr quelque temps plus tard, à sa sortie. "J'ai bien reçu ta lettre, mais je ne t'ai pas répondu. Tu comprends, j'avais autres choses à penser". Je crois bien qu'il ricanait. Un peu gêné peut-être... Mais là c'est mon imagination qui parle.
Je vous ai déjà dit qu'il avait de ces absences mon cousin ?
"C'est la vie" say the old folks, it goes to show you never can tell.
Chuck Berry, bien sûr.
http://youtu.be/lGblpBpEFNU
C'était la période de sa vie où il flirtait avec les Jeunesses Communistes. Ce qui comportait quelques obligations militantes. Un matin de 1er Mai donc, il se leva pour aller défiler.
Je le découvris l'après midi, à mon réveil, le bras en écharpe, plâtré. Il avait couru sous la pluie vers l'arrêt de bus, craignant d'être en retard, et avait glissé : bras cassé.
Il avait simplement oublié qu'il n'y avait pas de bus le 1er Mai.
Il avait de ces absences, mon cousin...
Nous nous aimions beaucoup. Enfants, nous faisions au village de longues balades à vélo. Un jour, nous avions découvert sur le bord de la route le corps d'un petit oiseau qui venait de mourir. Ça ne m'avait ému pas plus que ça, mais mon cousin avait sorti de sa poche une de ces feuilles verdâtres et rêches qui tenaient lieu de papier hygiénique, y avait délicatement posé l'oiseau avant de l'enterrer. Le genre de geste qui peut racheter une vie entière.
Il avait beaucoup de cœur mon cousin...
Et puis sa vie a du lui faire bien du mal, et moi aussi peut-être. Il a donc décidé de blinder son cœur. Ceux qu'il a décrété ses amis l'y ont beaucoup aidé. Ça sert, les amis.
Un jour, bien plus tard, il s'est retrouvé en prison pour une cause politique donc honorable. Stupide mais honorable. Je lui avais fait parvenir quelques feuillets pour que son esprit s'évade plus facilement au moins le temps d'une lecture. Et pour lui dire que je l'aimais.
Je le revis bien sûr quelque temps plus tard, à sa sortie. "J'ai bien reçu ta lettre, mais je ne t'ai pas répondu. Tu comprends, j'avais autres choses à penser". Je crois bien qu'il ricanait. Un peu gêné peut-être... Mais là c'est mon imagination qui parle.
Je vous ai déjà dit qu'il avait de ces absences mon cousin ?
"C'est la vie" say the old folks, it goes to show you never can tell.
Chuck Berry, bien sûr.
http://youtu.be/lGblpBpEFNU
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