Salò.

"On n'imaginait pas facilement qu'elle eût vécu là deux ans, loin du monde, près d'un seul homme, face à ce lac tranquille qui avait, les jours purs et sans nuages, grâce à ses eaux profondes, les beautés turquoises de la Méditerranée."

Pas plus d'eaux profondes que de beauté turquoise dans mon imaginaire de Salò. Mais une relative connaissance de l'effondrement final du seul fascisme historiquement avéré - celui de Mussolini - en un chaos grotesque - sans être toujours comique - et tragique d'une République sociale italienne vite avortée.

Et le vague souvenir du film, jamais revu depuis, d'un Pasolini déjà assassiné à sa sortie, qui, me semble-t-il suscita scandale et controverses pour de mauvaises raisons : vie privée de l'auteur - nous étions en 1975 -, pornographie complaisante et gratuite, alors que l'analyse du fascisme ramené à une simple ( ! ) perversion sadique me paraissait beaucoup plus sujette à caution car contre-productive : s'il n'avait été QUE cela, le fascisme serait pour le moins secondaire. Or...

Les fantasmes pédophiles de Pasolini ne font décidément pas analyse d'un tel phénomène historique. Enfin je crois...

En fait, le seul élément notable qu'égoïstement et délicieusement je rattache au film, est le souvenir prégnant d'une superbe jeune fille brune hésitant à voir le film et me demandant mon avis ! Je le lui déconseillai, elle ne le vit pas...
L'ironie de la vie fut qu'elle réapparut bien des années plus tard, et que...
Bref. 

Salò, la ville, m'est dès lors une heureuse découverte : très belle au bord du lac de Garde dépeint plus haut par Michel Déon dans sa nouvelle "Un citron de Limone", loin du toc et de la vulgarité dominante de toutes les stations balnéaires qui ont définitivement sali ce bijou que fut la Méditerranée. 











La présence, un peu trop massive à mon goût, des touristes allemands, parvient à peine à entamer le plaisir qu'on trouve à déambuler dans ses ruelles et sur son port de plaisance. La chaleur y est moins étouffante que sur le reste de la pauvre Europe, les commerçants assez habiles et souriants pour ne pas paraître être soumis à la quête de l'euro bienvenu, et la cité a les grâces et les charmes séculaires, sans l'austérité, de la plupart de ses sœurs d'Italie du nord qui firent les délices du milanais Stendhal.

On pourrait même penser qu'une sorte de réserve face à un tel écrin s'est propagée aux visiteurs du lieu : relâchement vestimentaire, laisser-aller régnant partout ailleurs et éclats de voix ne polluent en rien votre séjour.

Salò, si loin de Sade et de ses épigones fascistes...






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