On ne vit - vraiment - que deux fois.
"Dans Proust, on a l'impression qu'il se dit : « Je suis né dans une classe supérieure, je suis d'un milieu favorisé; j'ai été choyé de tous, je n'ai pas eu à gagner ma vie. Je suis un résumé de ce qu'il y a d'exquis dans deux races. Et, en même temps, je suis au plus bas échelon de l'infortune et de la misère humaines. Je suis un Juif et un pédéraste : deux fois proscrit au vrai monde. Je vis ainsi deux fois : d'abord parmi les plus favorisés, et aussi au milieu des maudits; j'embrasse toutes les conditions en même temps."
Paul Morand, Journal inutile, Tome 2. (1968 -1972).
Difficulté à faire le départ entre la méchanceté inextinguible de Morand et sa tendresse sincère, jamais démentie, envers Proust.
Le peu qu'il me reste de naïveté ou de crédit envers le genre humain m'amène, aujourd'hui encore, à croire en celle-ci dans ce portrait qu'il fit du petit Marcel sur son lit de mort.
Et à penser que celle-là est - momentanément - suspendue...
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