Bocca della verità.

"Lecteur paisible et bucolique, sobre et homme de bien", pour le dire comme Baudelaire en son Épigraphe pour livre condamné de 1866, tu pourrais penser que l'âge et la canicule ont fait fondre mes derniers plombs en lisant ce qui suit. Pas tous, pas tous... 

Affirmer que la démocratisation du mensonge a été bénéfique à la diffusion de la vérité n'est que paradoxe apparent.

En effet, chacun mentant à tous, de cachotteries et dissimulations en vérités alternatives et fake news, personne ne croit pratiquement plus en rien ni en personne. Libérant ainsi le recours à l'usage de la vérité. 

Car il est moins contraignant et plus flatteur pour son ego de dire le plus souvent possible la - ou sa - vérité, puisque celle-ci ne sera probablement pas crue. 

On peut ainsi la proférer à moindre frais et dans le plus parfait cynisme tant l'espoir, s'il devait persister, de la voir triompher est quasiment nul.

L'utilité sociale d'une vérité n'est pas d'être prononcée mais crue. Inutile, la dire n'engage à rien. Qu'à faire éventuellement plaisir à son tout-puissant amour-propre.

La Bocca della verità, sous le porche de l'église Santa Maria in Cosmedin à Rome, happait, disait-on, la main de tous ceux - et celles ... et celles ... - qui avaient quelque mensonge à se reprocher.
Vu les foules de touristes qui y risquent la main le temps d'une photo, les consciences de nos jours sont bien vierges.
Ou inconscientes. Qui sait ?



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