Guerre, vingt ans après.
Bref, comme pressenti et annoncé, l'écrasante majorité de la critique a salué "Guerre" : un chef-d’œuvre ! Ce qu'il n'est pas.
Mais les premiers jets de Céline valent bien la production romanesque entière de X, Y, Z même...
Par conviction alors, en reconnaissance de sa qualité littéraire ? Vous rigolez ! Plus certainement de peur de passer pour des cons à l'avenir, pour ne pas avoir su déceler la pépite, comme les jurés Goncourt à propos de Voyage en 1932.
Reste que "Guerre" est un véritable plaisir de lecture, non réservé aux céliniens "canal historique" et qu'il ne faut surtout pas abandonner aux célinolâtres, ces crétins...
Qui pourra servir d'introduction en fournissant une clé d'interprétation à tous ceux qui ignorent encore le bonheur de lire "Voyage", "Mort à crédit".
Puis le reste.
L'écriture de "Guerre" remonte à 1934, soit vingt années après les faits relatés - blessures de Ferdinand et séjour hospitalier.
Pourquoi un tel délai ?
Une lettre du 1er septembre 1929 adressée à un certain Joseph Garcin pourrait l'expliquer.
Joseph Garcin, engagé volontaire en 1914, sera grièvement blessé et décoré de la Croix de Guerre en 1916, avant de séjourner en Angleterre en 1917 et 1918. Par ailleurs, il connut une carrière longue mais agitée à la frontière du proxénétisme ( ! ) et de la politique. Troublant...
Céline ne fit sa connaissance qu'en 1929 par l'intermédiaire d'un tiers, ancien blessé sur le front également, et vus le passé du bonhomme et son activité professionnelle, sympathisera rapidement avec lui.
Cette lettre donc : "Hélas les temps ne sont pas drôles. (...) Je corresponds avec votre ami - nous avons en commun cette expérience de 1914 dont je ne parle jamais sauf aux initiés, très rares...Vous avez compris que nous sommes en sursis depuis quinze ans, que nous avons cotoyé l'enfer dont il ne faudrait pas revenir..."
In L.-F. Céline, Lettres à Joseph Garcin (1929-1938), Librairie Monnier, Paris, 1987.
Voilà quel fut le choix de Céline en ces temps : économie de la parole, juste une quarantaine de pages dans "Voyage", et ce "Guerre", surgi d'on ne sait où...
P.S.- qui n'a rien à voir : un mauvais plaisant me suggère que Philippe Candeloro serait le "nègre" de Marc Levy.
Je n'en crois rien, bien sûr...
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