Néant ?

"Qu'est-ceci ? me disais-je. La mort me tâtera-t-elle sans cesse ? Eh bien soit ! Moi aussi j'ai longtemps tâté d'elle. « Quand cela ? » dis-tu. Avant de naître. La mort, c'est le non être :  ne l'ai-je pas déjà connu ? il en sera après moi ce qu'il en était avant. 

Si la mort est un état de souffrance, on a dû souffrir avant de venir à la lumière; et pourtant alors nous ne sentions nul déplaisir. Dis-moi, ne serait-il pas bien insensé celui qui croirait que la lampe éteinte est dans un état pire que celle qui n'est point encore allumée ? Nous aussi on nous allume, et puis l'on nous éteint : dans l'intervalle nous souffrons bien quelque chose; mais après comme devant l'impassibilité est complète. 
Notre erreur, ce me semble, Lucilius, vient de croire que la mort n'est qu'après la vie, tandis qu'elle l'a précédée, de même qu'elle la suivra. Tout le temps qui fut avant nous fut une mort. Qu'importe de ne pas commencer ou de finir ? Dans l'un comme dans l'autre cas c'est le néant."
Sénèque, Lettres à Lucilius, 54.

L'Oncle Arthur et Cioran, certes, plus et mieux que d'autres, sont déjà là, chez Sénèque.


Et Augustin, évidemment, qui évoque "un parfait néant, non un simple vide comme si on ôtait un corps d'un lieu et que ce lieu subsistait vidé de tout corps", mais entendu comme "ce qui ne s'étendait pas sur un espace, ou ne s'y dispersait pas ou ne s'y ramassait pas ou ne revêtait ou ne pouvait revêtir un de ces états". (Confessions, Livre VII, Chap.1).

Un peu d'harmonie, semble t-il, dans des fréquentations si diverses...


Patient lecteur, j'ai égaré la référence de ce Soulages... Monsieur Google, qui pourtant sait tout, ne me fut d'aucun secours pour le situer. 
C'est dire ! À moins que...


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