Cela dit, ...

En ces temps burlesques où les uns beuglent sur le thème du "retour des heures les plus sombres de notre histoire" et une victoire posthume des nazis au moyen du contrôle d'un éventuel gouvernement français issu des urnes, - ça s'appelle "démocratie", compañero républicain - les autres hurlent à s'en déchirer et leurs poumons et nos tympans à la submersion migratoire, à la fin tout à la fois de la France millénaire, blanche et catholique, et au naufrage de l'Occident chrétien, le tout dans l'affichage de subtiles nuances propres à des picrocholines législatives, tu me pardonneras, "mon doux lecteur" - pour le dire comme Cervantès - de t'égarer vers ces lignes de Nicolas Grimaldi.

Après tout, la fréquentation du plus grand philosophe corse depuis Sénèque ne peut causer aucun dommage...


"Par le fait de l'universelle mobilité, aucune population ne se sent plus enracinée en un lieu, assignée à une situation, ni résignée à la particularité d'aucune condition. Où qu'elle ait émigré, elle ne se sent donc plus tenue de s'adapter à d'autres coutumes ni à d'autres mœurs. A l'ancienne nécessité pour les immigrés de s'assimiler pour se fondre, et de se fondre pour s'adapter, va donc se substituer, tout à l'inverse, une volonté de ne pas s'assimiler pour ne pas se fondre, et de ne pas se fondre pour conserver son identité. Au lieu d'avoir affaire à des cultures continentales plus ou moins homogènes, on aura donc affaire désormais à des archipels culturels plus ou moins éclatés et plus ou moins disparates. 

Le monde entier deviendra de la sorte comme un immense musée ethnographique où coexistera la plus grande diversité de sociétés, de mœurs et de religions. 

On peut imaginer cette Babel comme une jungle où voisineraient toutes les espèces. On peut aussi l'imaginer comme une sorte de société des nations, telle qu'avaient été le monde romain à la fin de l'empire, ou Amsterdam à l'époque de Spinoza.

A condition que chacun respectât les lois du commerce et la signature de ses contrats, ni sa religion ni ses mœurs n'importaient à personne."

(Les nouveaux somnambules, Grasset 2016).




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