Pistoleros.

"Cioran adorait le métro aérien; Clément Rosset adorait Cioran.
Je les vois, la main de l'un sur l'épaule de l'autre, dans la rame qui traverse le pont de Bir-Hakeim; Cioran sanglote, Rosset sourit et le console : « On dit que vos écrits sont déprimants, mais moi qui passe pour un philosophe de la joie, je contresigne tous vos aphorismes. - Hélas, mon cher, répond le Roumain en pleurant de plus belle, ce que je dis c'est la vérité ! » 
Il y a deux façons d'être lucide. La tristesse ou la joie. L'aphorisme ou l'anecdote."

Rangement de livres... le premier opus de Raphaël Enthoven - Un jeu d'enfant - la philosophie (2007). M'en demeurait le souvenir embrumé d'un livre gentillet, énervé parfois, d'un post-adolescent gâté par la vie. Gâché aussi, peut-être...

Je feuillete, évidemment, tombe sur ces lignes... 
Cioran, Rosset... Jaccard devait être grippé ce jour-là j'imagine...

À propos des deux pistoleros, souvenir de ces lignes du troisième, dans son "Cioran et compagnie" "Cioran, dont il ( Rosset ) me dit avec son insolence habituelle qu’il trouvait l’homme plaisant, mais les livres un peu « scrogneugneu »…"

Image des trois attablés au Cluny ou au Sélect, bières, ballons de rouge et de blanc, whisky japonais sur le marbre, et de soi-même, sur la banquette, tout proche, buvant du petit lait...


Illustration : Thomas Levy-Lasne.

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