Klee.
De l'excellent Georges Steiner : "Une maîtresse d'école emmène sa classe dessiner dans le motif à la campagne. Après le pique-nique, elle les assoit face à un aqueduc. « Dessinez ! »
Ils dessinent tous un aqueduc, sauf un qui dessine un aqueduc auquel il a mis des chaussures, à chaque pilier, afin que le monument se mette en mouvement.
L’enfant s’appelle Paul Klee. Il a six ans."
Quelques années plus tard, en 1931, Klee est professeur à l'Académie des beaux-arts de Düsseldorf. Pas longtemps : il en est congédié en 1933 par les si délicats et cultivés nationaux-socialistes allemands qui tiendront son art pour "dégénéré". Une forme d'éloge, si l'on y songe.
L'année suivante, en 1934, il quitte définitivement l'Allemagne pour la Suisse.
Quelques années encore, 1937 : il peint "La Révolution des Viaducs".
J'ai voulu y voir une trace de l'enfant de six ans mettant des chaussures à un aqueduc. Un peu court, jeune homme - si j'ose, me concernant...
Et donc de solliciter les infinies, sinon définitives, lumières d'un nouveau camarade de jeu - "chatgpt" est son nom.
Quatre, cinq secondes passèrent - autant dire ce qui sera tenu demain pour une éternité. Il me délivra ces lignes que je te soumets, lecteur bénévole, in extenso :
Analyse de l'œuvre :
- Thème et signification : Le titre évoque une révolte des infrastructures elles-mêmes, comme si les viaducs se soulevaient contre leur fonction première. Cela pourrait être une métaphore de l’effondrement de la civilisation et du chaos politique de l’époque (montée du nazisme).
- Style et technique : Klee utilise des formes géométriques simplifiées et une palette terreuse et sombre, qui donne une impression de rigidité et de tension. L’œuvre est marquée par des traits épais et un aspect presque schématique.
- Interprétation possible : Certains y voient une critique du rationalisme et du progrès technique, d’autres une vision onirique où l’architecture elle-même devient vivante et rebelle.
Après tout...
Naît alors une interrogation : quelle fut l'appréciation du philosophe nazi Heidegger, s'il eut jamais connaissance de ce tableau ? Y vit-il à son tour une "critique du progrès technique" ?
Et si oui, eut-il un haut-le-cœur à constater qu'un tenant de "l'art dégénéré" pouvait partager une même appréciation du dit "progrès technique" que la sienne ?
Surgit le souvenir de la lutte de Mickey Mouse résistant aux vagues incessantes des balais ensorcelés imprudemment par ses soins et des seaux d'eau dans le Fantasia de Disney - 1940.
Pas si idiot que cela, à bien y songer...
Oh je me suis laissé aussi prendre au jeu. De petites discussions avec notre ami Djipiti, notamment à propos du "privat denker", plutôt sympathiques finalement, à ma grande surprise... avant de me souvenir que Djipiti n'était qu'une machine à piocher et recouper des connaissances humaines. Je me suis alors amusé à tenter de le piéger. Avec cette simple question par exemple : "Est-ce que tu aimes manger ?". Réponse désopilante : "Je n'ai pas vraiment d'estomac."
RépondreSupprimerMoi je ne lui en veux pas d'exister. Lui en vouloir ce serait un peu comme battre un chat parce qu'il "joue" avec une souris. Il est là et bien là, avec ses congénères ; il faudra faire avec. Au moins ces créatures-là savent torcher une phrase et rester courtoises ^^
Quant au Klee, j'y vois autant le bruits des bottes que la fièvre dansante de la république de Weimar. (Mais l'anecdote du petit Paul est belle.)