Godard, poète matérialiste suisse.

«Te souviens-tu encore comment nous entraînions autrefois notre pensée?
Le plus souvent nous parlions d’un rêve…
Nous nous demandions comment dans l’obscurité totale
Peuvent surgir en nous des couleurs d’une telle intensité
D’une voix douce et faible
Disant de grandes choses
D’importantes, étonnantes, de profondes et justes choses
Image et parole
On dirait un mauvais rêve écrit dans une nuit d’orage
Sous les yeux de l’Occident
Les paradis perdus
La guerre est là…»

Contrairement à une idée de nos jours parfois encore répandue dans des cercles plus ou moins bienveillants et / ou progressistes, il y a belle lurette que Jean-Luc Godard a cessé d'être "le plus con des Suisses pro-chinois" comme le proclamaient les murs tagués par des situationnistes en goguette en Mai 68.
Aujourd'hui que la Chine s'est transformée en dragon capitaliste, lui et ses semblables, dans le respect des idéaux de leur jeunesse, sont courageusement restés fidèles à un certain matérialisme, quand bien même celui-ci n'aurait plus rien d'historique.
Lui ne fut qu'un éclaireur, toujours soucieux d'être à l'avant-garde de tout et de n'importe quoi, en grand bourgeois friqué qu'il n'a jamais cessé d'être...
Cela dit, il lui arrive encore, à défaut de les filmer, d'écrire de jolies choses. 
Prémonitoires ?




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