De Pasolini et Ezra Pound, et de quelques personnages superflus.

Hasard d'un zapping indolent qui me font débarquer sur l'excellente chaîne culturelle / historique / politique italienne Rai Storia. Pas d'équivalent en France.

Je tombe en plein milieu d'un de ces entretiens, impensables aujourd'hui, datant de 1967, entre le vieux poète fasciste - ce qui lui valut d'être exhibé dans une cage à la libération de l'Italie - et l'encore jeune poète et cinéaste communiste, exclu du PCI pour homosexualité, mais catholique et communiste pour son éternité à lui.

Festival d'intelligence, de douceur, d'admiration, de culture sans cuistrerie, de complicité entre deux esprits, l'un revenu de tout, l'autre tout à sa fuite en avant vers son massacre final sur une triste plage d'Ostie. Trois ans jour pour jour après la mort de Pound à Venise.

«Stringo un patto con Te, Ezra Pound 

Ti detesto ormai da troppo tempo./ 

Vengo a Te come un fanciullo cresciuto che ha avuto un padre dalla testa dura./ 

Sono abbastanza grande ora per fare amicizia./ Fosti Tu ad intagliare il legno./ 

Ora è tempo di abbattere insieme la nuova foresta./ 

Abbiamo un solo stelo ed una sola radice./ 

Che i rapporti siano ristabiliti tra noi». La risposta del vecchio Pound fu: «Bene... Amici allora... Pax tibi... Pax mundi».

Toute tentative de traduction semblant ici attentatoire à la beauté des mots.


Fin de l'entretien et retour sur les chaînes - ont-elles jamais mieux porté leur nom - françaises. On s'y vautre dans la vulgarité et la médiocrité, à propos de Bedos, Bigard, Cluzet, je ne sais qui ou quoi. Artistes, (se) disent-ils...

Et de rêver un instant pour ces sinistres bouffons d'une cure dans l'asile du bon Dr. Hanover, dans la lointaine Californie, aux bons soins de Mildred Ratched, avec l'aide désintéressée de son frère si charmant.










Commentaires

  1. Très beau et très subtil pastiche de Pound effectivement. PPP détourne ici "A Pact" (dans l'inusable "Lustra"). Déférente et délicate réprimande.

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  2. En effet, oui... Et tout au long de l'entretien, une sorte de déférence affectueuse dont Pasolini ne me semble pas coutumier. Et de l'émotion à la lecture des Cantos.

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