Petites amoureuses.

Là, derrière la façade, à un jet de pierre de Sciences-Po Aix en Provence, se trouvait au milieu des années soixante- dix, un Institut pour Étudiantes scandinaves, possible eden pour de jeunes énergies méditerranéennes qui n’étaient pas insensibles au charme blond des dites étudiantes scandinaves…

Nous n’étions pas en ces temps sous la menace des tribunaux pour un tel désir qui n'était pas encore délit. Et je garde un souvenir désormais lointain, plaisant toujours, de deux petites amoureuses, certes pas laiderons, envers lesquelles, fort peu rimbaldien en l’occurrence, je n’éprouvais aucune haine. Au contraire…

Leurs prénoms, qui devaient se terminer en « a », se sont évanouis. Restent des silhouettes et des visages - flous.

La première était la sœur de Ronnie Peterson, pilote fameux de Formule 1, qui devait trouver la mort à son volant en Italie, à Monza, deux ou trois ans plus tard. Inutile de dire à quel point je me flattais in petto de cette proximité familiale à défaut d’avoir jamais été familière, orgueil décuplé quand j’appris son amitié et ses liens très forts avec rien moins que George Harrison ! Me voilà quasiment dans l’antichambre d' icônes absolues de ma jeunesse ! Hélas, tout cela ne dura que le temps des amours de cette époque bénie, se comptant en semaines et non en mois...

La deuxième était finlandaise et pour la séduire, lui proposais d’assister à une corrida aux arènes d'Arles. Ne connaissant absolument rien à cet art, je pris la précaution de me faire briefer sur le déroulement si particulier d’une corrida, spectacle aux didascalies réglées comme papier musique. Et trouvais moyen de prendre place à côté d’un véritable aficionado qui me décrivait à l’avance le déroulement de la chose.

Inutile de dire que j’en mis, à peu de frais, plein la vue à ma jeune finnoise à laquelle je transmettais en anglais ma science toute récente, donc très relative, et que je fus récompensé de mes efforts…

Aujourd’hui cet havre de jolies a été remplacé par un sinistre Institut de Management public et Gouvernance territoriale ! Son seul énoncé est un tue-l’amour. Qui pourrait être assez pervers - ou démuni - pour déployer autant d’efforts pour séduire une future attachée d’administration territoriale ?

Pas moi.