Pascal et Céline sont sur un bateau...
On se gardera bien ici d'émettre un avis sur cette affaire des manuscrits retrouvés de Céline. Histoire de cornecul avec au générique des ingrédients aussi dignes de foi qu'un "Juif d'ascendance corse, un Corse d'ascendance juive" - ça varie selon les organes - de presse bien sûr, un ex de Libé qui a l'air de faire confiance à tout le monde sauf à Libé et passe quinze ans assis sur un tas d'or à remettre de l'ordre dans tout ça, un recéleur éthique au point d'interdire toute révélation sur ces manuscrits et donc toute publication "pour ne pas enrichir la Veuve Céline".
Bref, un vrai bordel : on fait confiance à Me François Gibault pour remettre tout cela au carré, et à Antoine Gallimard pour en assurer l'édition.
À ce propos, un vœu : n'attendez pas trop longtemps ! Pour l'indispensable refonte de l'édition Pléiade qui va suivre, je sucrerai sans doute les fraises à sa lointaine publication.
Ou je serai carrément ailleurs...
On aura noté que les vautours bien-pensants n'étaient pas bien loin, comme toujours s'agissant de Ferdinand.
Et on a vu ressurgir le cliché éculé sur le thème "Céline, écrivain génial, Destouches, salaud collabo absolu": ils ne s'en lasseront jamais...
On leur dédiera ce passage des Pensées, sur lequel je suis tombé il y a deux jours alors que je recherchais tout autre chose dans Pascal - il se trouve que j'ai passé un moment d'éblouissement délicieux, écrasé et élevé face à cet autre génie en me plongeant dans ses développements sur la dialectique du fort et du juste :
"Quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi, car on s'attendait de voir un auteur et on trouve un homme. Au lieu que ceux qui ont le goût bon et qui en voyant un livre croient trouver un homme, sont tout surpris de trouver un auteur". (Pensées, 554-675).
Pascal sur Céline, trois cents ans auparavant...
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