Lennon, in his life.


Tombé l'autre jour sur la version de "In my Life" de l'immense Renée Fleming. À l'émotion comparable à celle de Sean Connery, with a little help from Sir George Martin...
Des gens de ce talent ne peuvent abîmer un bijou. C'en est un.

Lennon est aujourd'hui figé dans la posture du Poète auteur et créateur d'un hymne planétaire que toutes les écoles décérébrantes se croient obligées de faire annônner par des enfants qui n'en peuvent mais. 
Apprendre Imagine ne leur sera probablement d'aucun secours plus tard face aux Barbares, mais cela donne bonne conscience. Et produit de belles images à destination des niais. 
Après tout, c'est ce qu'exige la voracité des médias dans leur fonction première de machine à fric. Passons.

Le drame de Lennon fut certes d'être assassiné. Son originalité fut d'avoir connu une première mort bien avant 1980.
À force de lui seriner qu'il était un véritable artiste, un écrivain - qui peut sérieusement ou pas l'affirmer à la lecture de ses deux livres "In his own write" et A Spaniard in the works", qui les a vraiment lus, qui les lit encore ? - et non un simple chanteur de rock, que son génie n'était entravé que par les supposées mièvreries de McCartney et la médiocrité d'Harrison, il finit par le croire : plus grand qu'Elvis, plus connu que Jésus. 
Ce qui passait par la négation et le rejet de ce qu'il était - un prolo au talent et à l'esprit hors du commun. 
Pour finir dans les mains de quelqu'un à l'insatiable appétit pour l'argent et le pouvoir et qui le surpassait en cynisme.

Le prolo, lui, avait écrit In my Life : simplicité des mots pour dire la simple mélancolie - et non la tristesse - de l'idole planétaire couverte d'honneurs et d'argent qui ne fait qu'exprimer sa solitude face au temps, aux gens et aux lieux engloutis. Un adieu à son monde.
Le prolo devait, beaucoup plus tard, écrire la plus belle chanson jamais écrite en l'honneur de sa classe ouvrière. Avec "Salt of the earth" des Stones, "Working class hero" est le chant poignant de qui a réellement connu les conditions de vie d'un prolétariat qui n'avait pas fondamentalement changé depuis le XIXème siècle.
L'ancien prolo n'était plus dupe de la comédie sociale que fut sa vie de Beatle. 
Il fallait vraiment toute l'imbécilité arrogante d'une Marianne Faithfull, fille d'un Officier et d'une aristocratie autrichienne, pour imaginer faire sienne un tel hommage au prolétariat.

Lennon passa son "lost week-end" californien à s'imbiber d'alcool. Avec une créativité proche de zéro. 
Dans une boîte où il venait d'humilier une serveuse avec un tampon hygiénique, élégante plaisanterie que celle-ci n'avait que moyennement apprécié, le désormais ex-Beatle cru subtil de lui demander si elle savait QUI il était pour lui parler sur ce ton.
"Oui, un pauvre con", s'entendit-il répondre.
Prolétaire puis icône, mais plus icône prolétaire.

Il avait quand même pris la peine d'écrire quelques merveilles. Auparavant.
Ne serait-ce que pour cela...

https://youtu.be/eJ4LJE9PktY





















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