Swing et sprezzatura.

Décembre 74. Bryan Ferry a entamé depuis plus d'un an une carrière, sinon solo, du moins parallèle à ses activités au sein de Roxy Music. Des reprises et une exploration de l'inépuisable Great American Songbook ont donné matière - et consistance - à deux albums déjà, et il s'agit maintenant de faire fructifier tout cela sur scène.
Rien moins qu'au Royal Albert Hall en l'occurence. L'album live a été publié il y a ... deux jours ! Quarante-cinq ans après, et il est plus que salutaire pour qui veut fuir le bruit contemporain vendu - encore - sous le nom de musique.


L'ouverture avec "Sympathy for the Devil" - c'était le temps où Jagger ne lui ayant pas encore ravi sa future épouse, Ferry pouvait donc se permettre de lui faire toucher des droits d'auteur sur cette quintessence stonienne - est d'ailleurs l'occasion pour le Rolling Stone US de retrouver d'anciennes et aujourd'hui rarissimes fulgurances : "The highlight might be Ferry’s show-opening race through the Rolling Stones’ “Sympathy for the Devil,” all diabolical swing and continental cool, as if Lucifer is riding his tank through a casino in Monte Carlo".

Castiglione aurait sans doute apprécié cette élégance décontractée, "sorte de nonchalance qui permet de cacher l'artifice qui entoure nos actes, afin de faire comme s'ils avaient été accomplis de manière naturelle, sans effort et sans y penser"... Sprezzatura qui parcourt le reste du concert - et toute la carrière postérieure de l'Anglais.
Boulgakov également, que l'image de Lucifer slalomant entre les tables de jeux monégasques, fonçant sur son tank, sourire aux lèvres, aurait comblé d'aise...
Comme un lointain écho à un hommage qui avait été rendu à Karajan à son décès : "Il conduisait ses orchestres comme Guderian le faisait avec ses chars dans les Ardennes".
Hommage allemand probablement...

https://youtu.be/rVyd3b9pCrM

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