Mon avant-guerre. I.

Où l'on voit que penser à mal n'est pas forcément mal penser...

Étrange sentiment que celui de vivre un avant-guerre jusque là connu seulement de façon livresque. L'envie a fait place à la simple curiosité.
Une petite mort, déjà ?

A-t-on seulement eu le temps de numériser livres, musiques, images, pour les prochains locataires des lieux ? Interrogation peut-être vaine dans la mesure où on nous annonce ça et là qu'il y a de fortes chances que nous soyons les derniers du genre...

L'optimiste, quant à lui, ayant constaté leur présence déjà ancienne parmi nous, a cessé de craindre la venue des Barbares. Et clamera que tout cela n'est pas si terrible puisque nous pouvons cohabiter sans terreur excessive. 
Jusqu'ici amigo, jusqu'ici...

Rien de nouveau donc sous le soleil. Le soleil, peut-être...

Décidément, l'avenir de la procrastination semble bien compromis.




Commentaires

  1. Soit il y a un avant-guerre et il y aura un après-guerre sans aucune guerre au milieu.
    Soit il y a un avant-guerre et il y aura une guerre mais sans après-guerre à la fin...
    (Quand je dis "sans aucune guerre" je veux bien sûr dire "sans aucune guerre otano-russe".)

    Il y a un chapitre intéressant à relire dans "Histoire et Utopie" : "La Russie et le virus de la liberté"... Ce Cioran date de 1960, rien d'étonnant donc.

    Et en oraison à notre disparition hypothétique, sied parfaitement ce sublime poème de Sara Teasdale (que l'on trouve dans l'une des plus lapidaires nouvelles du "Chroniques Martiennes" de Bradbury) :

    IL VIENDRA DES PLUIES DOUCES

    Il viendra des pluies douces et l'odeur de la terre,
    Et des cercles d'hirondelles stridulant dans le ciel,

    Des grenouilles aux mares qui chanteront la nuit
    Et des pruniers sauvages palpitant de blancheur;

    Les rouges-gorges enflant leur plumage de feu
    Siffleront à loisir perchés sur les clôtures.

    Et nul ne saura rien de la guerre qui fait rage
    Nul ne s'inquiètera quand en viendra la fin.

    Nul ne se souciera qu'il soit arbre ou oiseau
    De voir exterminé jusqu'au dernier des hommes

    Et le printemps lui-même en s'éveillant à l'aube
    Ne soupçonnera pas notre éternelle absence.

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    1. Me revient en mémoire ce mot d'Albert Einstein qui en connaissait un rayon sur la question : "Je ne sais comment se passera la troisième guerre mondiale, mais je sais que la quatrième se fera avec des gourdins".

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  2. Pas encore lu ce recueil de Cioran, figurant pourtant dans l'édition Quarto... merci de me le signaler !
    Par ailleurs, étant d'une abyssale inculture en matière de science-fiction, j'ignore tout de la dite Sara Teasdale... m'en vais faire un tour du côté de Google...
    Pour le reste, je demeure fidèle au vieil Héraclite et à sa prétendue obscurité, qui voyait en Polémos - qui n'est pas que la guerre - le père de toutes choses : il présidera donc à la suite, comme il l'a toujours fait...

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  3. Puisque vous comptez googliser, ce lien wiki est pas trop mal : https://en.wikipedia.org/wiki/There_Will_Come_Soft_Rains_(short_story)

    En fait Teasdale est simplement une poète. Mais son poème est cité — et fort à propos — dans le bouquin de Bradbury. Je ne suis pas non plus très SF mais Ray Bradbury possède une certaine poésie naturelle dans ses contes d'anticipation et son style est plutôt dépouillé.

    (Et oui, Polémos se charge de tout. Merci à lui.)

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  4. Vérification faite, je ne connaissais du Cioran en question que le premier texte "Sur deux types de société". Relu, un régal d'intelligence. Comme la suite du recueil évidemment...

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