Un sacré numéro.

L'un des charmes de la fréquentation des penseurs de l'antiquité gréco-romaine réside dans l’irruption de personnages pour le moins originaux.
Ainsi cet Hégésias de Cyrène, qui vivait dans l'actuelle Lybie vers - 300, pour le moins abusivement classé parmi les cyrénaïques - on le rappelle, sorte d'hédonistes canal historique -,  desquels seule l’origine géographique semble commune le rapprocher. Il ne reste rien de ses écrits, mais demeure sa mémoire liée à sa conviction que tout bonheur étant impossible à cause de l'émiettement des plaisirs, il convenait de se suicider afin d'échapper aux affres d'une existence vouée à ne pas le rencontrer.


Imaginons un succès fulgurant puis pérenne de ses thèses : il n'y aurait plus personne pour en parler. La planète moins les humains, fantasme absolu de tout écolo conséquent ! Le fascisme vert devrait s'en réclamer ! Après tout...
Le problème était qu'il savait se montrer si convaincant que, comme le relate Cicéron dans sa première Tusculane, « le roi Ptolémée dut lui interdire de traiter de ce sujet durant ses cours, car nombre de ses disciples décidaient de se suicider après l'avoir entendu ».
Avant de fermer son école et le condamner à l'exil.
Sévérité de ces temps qui l'affublèrent du surnom de « Pisithanate » - celui qui pousse à la mort. Alors que plus probablement, selon Montaigne, il se bornait à affirmer que "comme la condition de la vie, aussi la condition de la mort devait dépendre de notre élection".
( Essais, livre i, chap. iii ).
Une sorte d'adepte du suicide choisi plutôt que pessimiste absolu et désespéré partisan d’issues radicales et ultimes. 
Pour les autres, évidemment.


Je ne sais pas pourquoi - faudrait consulter... - me vient à l'esprit le très cher Prisonnier du génial Patrick McGoohan !





Commentaires

  1. Mourir en imaginant combien le monde sera d'une beauté absolue quand nous ne ne serons plus doit être une mort délicieuse. L'écologisme radical est un humanisme champêtre. Mourons avec de bonnes perspectives - critiques.

    (Et tous mes hommages, à vous ainsi qu'aux dames des embruns...)

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire