Rock & Folk, 50 ans après. Épisode XIV.


Bowie superstar ? Le cher vieux magazine s'interroge en ce mois de juillet 73. Ben oui, comme prévisible et promis. Et pour la quarantaine d'années qui suivront. 

Il aura tout fait pour cela, le David Jones hésitant égaré dans des british sixties trop grandes pour lui, errant de Vince Taylor en Beatles, d' Otis Redding ( ! ) en Jagger. Pin Ups soldera les comptes - plus tard, dans deux ou trois mois.
En attendant Bowie s'apprête à exécuter sur scène Ziggy Stardust : le meurtre aura lieu le 3 juillet au Hammersmith Odeon. Passage obligé pour atteindre à la starification ultime. D'autres personnages suivront bien sûr, sur disque ou à l'écran, mais plus... anecdotiques. Dorénavant David Bowie seul prend la lumière.

Paringaux le voit bien, qui le décrit tout au long de quatre excellentes pages, relatives elles au concert de l'Earls Court : "David Bowie, qui fait de l'art pour l'art, n'est pas un rock and roller. Ou, plus exactement, il est un rock and roller à l'anglaise, amoureux de la forme - l'art et les ( bonnes ) manières. Laissons à l'Amérique la douleur d'enfanter des Alice Cooper et des Stooges, vulgaires et outranciers au point de se tuer à coup de terrifiantes overdoses de rock and roll. Restons entre gens de bonne compagnie".
( Bowie de confirmer : " Je me sens plus acteur qu'artiste de rock". )

Façon détournée mais oh combien exacte de suggérer que le rock and roll jamais ne fut britannique - sauf à considérer que Marty Wilde ou Cliff Richard... 
Précision, avec plus de soixante-dix ans de recul : américain, donc mondialisé, il fut et fut seulement, d'Ike Turner et son "Rocket 88" de 1951 à Altamont inclus. Le reste relèvera la plupart du temps d'autre chose - Blues, Soul, Pop, Fusion, que sais-je ? Dylan, évidemment.
Ou de l'arnaque. The great Rock'n roll swindle.

Conclusion désabusée de Paringaux : "Le - à cela seul on voit le connaisseur qui laisse les tâcherons user du "Les" - Pink Floyd jouait à Earls Court le samedi suivant : un son idéal et un show fracassant, dix-huit mille personnes plongées dans l'extase. Qu'ils étaient dérisoires, au sortir du concert de Ziggy, les éclairs rouge et bleu peints en travers de visages désenchantés."
Éternellement niais sont les fans, qui croient que...

Juillet, c'était l'été. On pardonnera donc les dizaines de pages consacrées à Yes - rock anglais, sans doute... 😂😂 - au rock en phrance ( sic ), Komintern et Magma, 😂😂😂 - aporie, hapax plutôt avec Henri Salvador et Boris Vian -, la nouvelle chanson bretonne, les occitans et la célébration de la "pose de la première pierre d'une bergerie interdite dans le Larzac" - tout être humain normalement constitué âgé de 15 à 40 ans ne peut même pas concevoir de quoi il s'agit ! 

Mais il s'agit de Rock & Folk. 

Cap donc sur deux papiers de fond - Beach Boys, des années surf à "Holland", merveille trop peu connue, et la musique de New Orleans, "Le pays aux mille danses", exactement ça, au casting qui fait saliver - Fats Domino, Professor Longhair, Doctor John, Allen Toussaint, Meters, and so on... 
Du rock, certes...

Et Kevin Ayers, "par un froid dimanche après-midi dans une petite ville perdue dans l'immensité de la banlieue parisienne, (...) à Nanterre dans cet amphi crasseux de la Fac où personne ne pouvait bouger..."."Son départ marqua sans doute la fin de la glorieuse époque Soft Machine", lucide et honnête : "Si l'on passe Nico, on ne va pas essayer de faire croire au public que c'est du rock en parlant du Velvet Underground". 

Nico justement, "presque radieuse", dans un concert au Ba-ta-clan : " la grande prêtresse blonde, elle aussi d'origine germanique, mais finalement (?) plus émouvante qu'on a bien voulu le dire (??)"

Nico, et donc John Cale, sur la reformation du Velvet : "Tout dépend des idées personnelles que je pourrai utiliser. Si c'est juste pour jouer des chansons, ça ne m'intéresse pas. Il faut partir des mêmes bases, avec le même idéalisme en ce qui concerne la scène (...) Ca n'est pas un truc en l'air. Je ne le ferai pas juste pour m'amuser, parce que ça signifie qu'il faudra travailler dur, partir en tournée. C'est toujours difficile de travailler avec trois personnes à nouveau, parce qu'avec le groupe c'était... On avait un son VRAIMENT différent..."
Rock, peut-être...

Et des Bricoles, bien sûr, brèves "légendes pour sept songes d'une nuit d'été", ici les deux dernières :

Assis sur les marches, ils regardent passer les filles en aiguisant le fil de leurs lames contre la pierre. Rien à dire, rien à faire que des étincelles dans le noir. Parfois ils sifflent un son de velours, et si la fille se retourne, ils se poussent du coude en ricanant. Dad n'a pas de bagnole et le parc est fermé.

Tout au fond du jardin sous la lune, une ombre de plus parmi les ombres. Pierrot léger que le vent tiède fait danser au bout de sa corde. Il a fini de pleurer.


Gotlib, cela va de soi, à propos, tiens donc, de rock français...



Côté galettes, marée plutôt basse : Kevin Ayers et son Bananamour, Robin Trower, Little Feat, le catalogue Impulse, des anthologies blues, Weather Report, Iggy & The Stooges, un best-of des Shadows - rock anglais ? -
Et des imports...



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