La beauté cachée des laids...

On rapporte que, conviée un jour au vernissage d'une exposition londonienne de Francis Bacon, Margaret Thatcher déclina l'invitation, s'exclamant notamment : "Quoi ? Cet homme affreux qui peint des cauchemars ?"

Maggie n'est plus parmi nous. Aussi, in memoriam, on se bornera ici à rappeler cet aphorisme de Nietzsche - au livre I d' "Humain, trop humain" : 
"On trace à l'art des limites trop étroites, si l'on exige que seules les âmes bien ordonnées, moralement équilibrées, puissent avoir en lui leur expression. 
De même que dans les arts plastiques, de même il y a en musique et en poésie un art des âmes laides, à côté de l'art des belles âmes; et les plus puissants effets de l'art, briser les âmes, mouvoir les pierres, changer les bêtes en hommes, c’est cet art-là peut-être qui les a le mieux réussis."
(Chapitre quatre, L'Art des âmes laides, # 152).

L'eût-elle connu, Maggie aurait - peut-être, mais rien n'est moins sûr... -  honoré de sa présence ledit vernissage...

Francis Bacon, Self-portrait. (1971).