Feux.
"Quand on relit « Le feu follet » , ou quand on revoit le beau film de Louis Malle magnifiquement adapté, en 1963, avec Maurice Ronet dans le rôle d’Alain, on se dit que Drieu a été notre Scott Fitzgerald, tous deux morts à quatre ans de distance. Tenue classique de la prose, ligne si nette d’un récit sobre, psychologie étudiée au rasoir, discipline de récit, exactitude des dialogues (avec leur non-dit) de ces soldats qui ont échappé à la boucherie de 14-18, et qui errent dans la vie civile comme les fantômes avec encore un peu de boue des tranchées sur leurs manches.
Scott Fitzgerald et Drieu ont eu le même sentiment d’une vie qui tombe et ne rebondit pas. Les deux écrivains l’expriment de manière lumineuse., les deux fréquentent les cliniques, les deux subissent les années folles comme une fièvre qui tourne mal, les deux analysent cette « touche de désastre », les deux fréquentent leurs contemporains dans une curieux sentiment d’ infiniment lointain, comme s’ils les écoutaient dans un vague brouillard. L’alcool se mélange à de la lucidité. Et curieusement, les deux font part de leurs difficultés d’écrire au moment même où ils expriment cette difficulté avec des phrases impeccables !"
Impeccables également, ces lignes de Paul Edel, tirées de ses "Carnets" (Mars 2024).
Pas un mot à rajouter. On s'arrêtera là.
Ah oui, c'est vraiment impeccablement dit, et ça augmente encore l'intensité de ce que je sentais. (Et j'adore Maurice. Même dans ses quelques navets il est formidable.)
RépondreSupprimerUn navet dans lequel figure Ronet - qui avait lui aussi des impôts à payer... - vaut l'intégralité de la filmographie des cinq ou six acteurs français actuels les plus "bankables" comme disent les ploucs branchés...
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