Pacifisme chic.

Petite plongée chez Bukowski à la faveur d'un bouquin sur lequel on reviendra dès que je l'aurai terminé, avec cet extrait d'un billet datant d'octobre 91, inséré dans un recueil paru en 98 - je n'ose même pas vous donner la référence de l'édition française tant la traduction est... passons.

J'entends déjà les hurlements côté progressiste : "Qouaaah ! Buk n'est pas des nôtres, anti-Bush, anti-guerre tout ça ? Buk serait réac ? Pourquoi pas de drouate ?"

Un peu plus compliqué que ça, camarades ! Hank n'était, pour qui l'a un peu lu, en rien "progressiste, de gauche, etc." Mais pour autant pas réac.  Tant qu'à vouloir l'affubler d'un sticker, je dirais plutôt conservateur,

Et par-dessus tout, il se foutait de - presque - tout, tous. Et toutes, évidemment.
L'exact contraire de Céline, en rien conservateur, mais réac dans l'âme. Pour un ordre ancien certes largement fantasmé. Autre limonade.


"It's like the anti-war protesters, they need a war in order to thrive. 
There are some who make good living protesting against war. And when there isn't a was they don't know what to do. Like during the Gulf War there was group of writers, poets, they had planned a huge anti-war protest, they were ready with their poems and speeches. Suddenly the war was over. And the protest was scheduled for a week later. But they didn't call it off. They went ahead with it anyway. Because they wanted to be on stage. They needed it. 
It was something like an Indian doing a Rain Dance. I myself am anti-war. I was anti-war long ago when it wasn't even a popular, decent and intellectual thing. But I am suspect of the courage and motivations of many of the professional anti-war protesters."
The Captain is out to lunch and the Sailors have taken over the ship. Black Sparrow Press, 1998.



C'est comme les pacifistes qui ont besoin d'une guerre pour reprendre du poil de la bête. Ils y en a quelques-uns qui font leur beurre à coups de manifestations contre la guerre. Et quand la guerre n'advient pas, ils se retrouvent le bec dans l'eau. 

Pendant la Guerre du Golfe, toute une flopée de romanciers et de poètes a essayé de mettre sur pied une grande manif contre Bush, avec force discours et poèmes déjà rédigés : les mecs étaient fin prêts. Et voilà que la guerre s'arrête. La manif est reportée d'une semaine. Pas question d'y renoncer. Parce que la seule chose dont ils avaient besoin, c'était de parader sur la scène publique. 

Genre l'Indien qui danse pour que tombe la pluie. 

Moi aussi, je suis contre les guerres. Je l'étais il y a bien longtemps avant que ce ne soit populaire, politiquement et intellectuellement correct. Mais, je doute du courage et des motivations de tous ces pacifistes professionnels.

© traduction maison.








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