De la pertinence momentanée du fat.

Horace Engdahl est, ma foi, un homme bien antipathique. Du moins, disons qu'il a tout pour (me) déplaire. 
Secrétaire perpétuel de l'Académie suédoise, il s'était lancé il y a quelques années, contre la littérature américaine - entendez états-unienne - contemporaine, dans une violente diatribe toute de présupposée supériorité intellectuelle, de bonne conscience petite bourgeoise européenne, confite de bonne pensance, dont le fondement était que "les États-Unis sont trop insulaires et isolés, et ne (...) participent pas au dialogue des littératures."
La stupidité du propos, relent colonial aigre de cet anti-américanisme sans lequel un intellectuel européen cesserait de paraître tel aux yeux de ses congénères, illustre l'importance du personnage, réduit à l'annonce annuelle du lauréat du Nobel de littérature, tâche essentielle qui l'occupa jusqu'à récemment.
Néanmoins, il semble bien qu'il ne soit pas interdit au fat d'être pertinent. 
L'affirmation qui suit pourrait bien racheter en partie la méprisable prétention du fâcheux.
En effet a-t-il dit, " le point de départ d'un écrivain doit être celui d'un tenancier de bar : ne pas chercher à améliorer le genre humain".
Sauf à choquer l'honorable profession de tenancier de bar, grâces peuvent lui être rendues de cet éclair de lucidité.


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