Cioran sur Fitzgerald. By Roland Jaccard.

Vient de paraître "Penseurs et tueurs", recueil de textes et chroniques, billets et aphorismes de Roland Jaccard.
Toujours le même chic distant et désabusé pour établir raccourcis et ponts entre êtres et sujets les plus improbables, entre époques et domaines littéraires, cinématographiques ou philosophiques - apparemment - les plus distants.
Pas pour rien le fils illégitime de Louise Brooks et de Cioran, l'Helvète underground..

Cioran donc, "fasciné par La Fêlure", dans laquelle il "voyait la saison en enfer d'un romancier, d'un homme qui ne peut recourir à Dieu, car il déteste le mensonge et n'a par conséquent aucun accès à la religion, mais qui est assez esthète pour adoucir sa misanthropie par l'ironie et pour introduire une note d'élégance dans son désastre".

"Texte capital, texte de malade" avait-il estimé dans un de ses "Exercices d'admiration" consacré au cher Scott en 1955. Et d'y noter que si chez Kierkegaard, Dostoïevski ou Nietzsche, le destin précédait la vie, il n'en allait pas de même chez Fitzgerald : " Son existence est inférieure à ce qu'elle découvre".
Ce que voit bien Jaccard dans le reproche de Cioran à l'adresse du père de Gatsby réduit à l'état de pauvre scénariste dans les mines de sel d'Hollywood : "ne pas avoir été à la hauteur de son effondrement".
Avant d'apostropher le roumain misanthrope pour voler au secours de Fitzgerald : " Mais que voulait-il qu'il fit d'autre ? (...) Eut-il été au bout de ses abîmes, qu'il serait sans doute moins attachant. plus profond peut-être, mais n'est-ce pas une élégance suprême que de ne pas l'être ?"
Pour approcher d'aussi près le coeur de Scott, il convient sûrement de traverser des flammes que Cioran n'a pas dû connaitre... Jaccard, oui, sans doute...
Jaccard, ou une sorte de frère...





https://youtu.be/5QS9GbCoz5s



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