Rome. Part One. Anhony Burgess .
Séjourner à Rome entraîne toujours son lot de frustrations. Pour l'essentiel dues à ces hordes de touristes ahanant et piétinant derrière un guide - une le plus souvent... - agitant mollement ou frénétiquement - selon l'heure et le degré de chaleur - une sorte de fanion de couleur vive pour ne pas égarer une chèvre de son troupeau ni perdre trop de temps avant la prochaine fournée..
C'est également la rançon de Florence ou de Venise à la beauté : le tourisme est décidément une activité consistant à transporter des gens qui seraient mieux chez eux dans des endroits qui seraient mieux sans eux...
Bref. On fait avec, et on décide ne plus les voir.
Non, le blues, le vrai, se situe au moment du départ et dans les jours qui suivent ... sorte de nostalgie émolliente qui épuise le désir d'y retourner immédiatement : de toute façon, puisque, comme tout crétin qui se respecte, on a balancé des monetine dans la fontaine de Trevi - énième vérification de l'éternelle présence fantasmée d'Anita Ekberg et de Mastroianni en ce lieu -, on est certain d'y retourner. Un jour, un jour...
Le moyen d'y remédier, enfin pour moi, une fois rentré chez soi : se replonger dans un livre ou un film qui a surgi dans notre imaginaire, au détour d'une rue, à la vue d'une fontaine ou d'une minuscule place qui ne figure même pas dans un guide.
Ou plus souvent qu'à son tour dans le simple fait de suivre du regard une de ces beautés qui semblent croître et embellir dans cette merveille de ville au fil des ans. Un effet de l'âge probablement... le mien je veux dire...
Un livre et un film m'attendaient donc à mon retour.
Anthony Burgess n'en a pas fini avec la traversée du fameux purgatoire des écrivains qui les attend après leur mort. Lui s'en fout probablement, de là où il n'est pas.
Et tant mieux pour les aficionados qui n'ont pas à subir les âneries de la critique et la vulgarité des marchands de soupe et astiqueurs de pompes radio-télévisuels qui accompagnent les résurrections éditoriales. Ni la censure des flics de la police du genre ou des communautarismes racistes et bien-pensants - cathos de gauche, ce genre, mais pas que - qui nous pourrissent notre quotidien : on frémit à l'idée d'une réédition et d'une ressortie au cinéma d'Orange mécanique ! Burgess et Kubrick : l'éternel retour des phallocrates fascistes !
Rome sous la pluie (1978) donc. Certainement pas une oeuvre majeure dans son abondante bibliographie. Mais roman délicieux, cynique, comique, tragique, dérisoire, misanthrope ET misogyne, dans une langue libérée de tout carcan... ce qu'on aime...
Juste pour le plaisir, page 208 : "Dehors, la pluie se mit à siffler, comme le choeur de la Passion selon saint Jean, lorsqu'il réclame la crucifixion".
Aux antipodes des nains encensés du temps qui font semblant d'avoir du style - enfin un style, quand ils font sous eux leurs pénibles borborygmes...
Par ailleurs, il est probable que ce roman ne pourrait être publié aujourd'hui sans quelque dommage : une certaine religion qui démontre quotidiennement et sous toutes les latitudes sa passion dévorante pour l'amour et la paix ne sort pas indemne de la plume de Burgess !
Quant à l'hystérie que cela provoquerait dans les rangs des chères féministes castratrices, et pas seulement nord-américaines...
Bref. Rome, la haine de l'éternelle connerie en ses formes contemporaines, l'amour de la littérature, autant de raisons au de s'en faire un délice...
Si tu arrives à mettre la main sur le bouquin... Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère !
Quant au film... un prochain billet...
Pour la route, quatre pages...
Un bijou d’écriture !
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