De Venise en Ajaccio, le rire de Démocrite.

Rien de politique ici... encore que, la fin...
Juste la mention d'une très belle exposition - Venise au Seicento - qui se tient actuellement au musée Fesch.
Entre Giorgone, Tintoretto - la splendeur du Cinquecento -  et Canaletto au Settecento, on prête à Venise une éclipse, conséquence sans doute pour partie de la peste de 1630, contemporaine du déclin géneral que connaît l'Italie en ce siècle.
Mais l'édification de la Salute, quand même...

A Ajaccio sont absents de grands noms donc, à l'exception du Bernin et d'un de ses bustes. D'où la découverte de noms inconnus, du moins de moi, dans une surprenante exposition qui nourrit l'amour sans fin pour la Sérénissime.
Parmi ces découvertes, un Démocrite, oeuvre de Pietro della Vecchia.
Postérieur au combien plus célébré sinon célèbre Démocrite de Ter Brugghen - lui-même contemporain du Géographe de Vélasquez - , il donne une vision originale et séduisante de l'Abdéritain. 
Là où nous étions en présence d'une sorte de Che Guevara avant l'heure, hilare au regard dirigé vers un ciel qu'il sait vide, index de la main droite pointant vers le seul existant, le réel, prenant appui sur un globe terrestre, nous nous retrouvons face à un Démocrite qui aurait du Diogène en lui. Donc, par hypothèse, plus cru, plus cruel, plus obscène que le précédent. 
Certes, le globe est toujours là, passage obligé. Mais le regard ne fixe plus aucun ciel, vide ou pas, la main droite ne nous pointe plus rien, réduite à un poing fermé, pouce inséré entre l'index et le majeur pour signifier ce qui serait l'essentiel, au delà même du réel, à savoir le sexe féminin.
Comme d'un ragazzo pasolinien... geste que nous connaissions bien pour le faire en des temps d'une pré-adolescence niaise et bastiaise.
On pressent bien que le rire n'est plus le même, autre que celui que l'on oppose historiquement au pleur d'Héraclite. Il se fait plus ricanement, dépourvu d'espoir, loin de la simple joie d'être au monde, tradition philosophique qui mènera jusqu'au merveilleux Clément Rosset.
Rien que pour ce moment de grâce dans une ville qui sombre dans la vulgarité de l'époque...
Ce qui ne surprendra que les aveugles.
Rions donc...

Ter Brugghen...




... Pietro della Vecchia...



Et Démocrite, toujours.

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