Royaume du bla-bla.

 "C’est pourquoi celui qui peut, de l’isolement des mots imprimés, froids, impersonnels, faire naître cet enthousiasme, celui-là participe de l’immortalité qu’il a fait naître. Un jour, il ne sera plus, ce qui n’a aucune importance, parce que, figé dans l’invulnérable isolement des mots imprimés, réside ce qui est capable de faire naître à nouveau les impérissables enthousiasmes d’antan dans les cœurs et les organes de ceux qui sont nés de l’air même qu’il a respiré et dans lequel il a vécu ses angoisses ; si la chose écrite en a été capable une fois, il sait qu’elle le sera de nouveau longtemps après ce qu’il ne restera plus de lui qu’un nom mort qu’efface peu à peu le temps."

William Faulkner, Avant-propos à Faulkner Reader (1954).


C'est sans doute ce qu'il y a de remarquable chez la plupart des "écrivains" contemporains - disons plutôt chez "ceux qui publient des livres" -, allant de pair avec la pauvreté de la langue et la vulgarité de l'allure et du propos: leur consternante incapacité à "faire naître (...) d'impérissables enthousiasmes".

Quant à l"immortalité" ! Elle s'évalue en mois, en "rentrées littéraires" dans le jargon des vendeurs de savonnettes littéraires... Deux, trois petits tours sur des médias écrits et audiovisuels serviles ou complices, un clapotis sur les réseaux sociaux... fin !

Au point de se demander si ces gens-là ont même existé un jour ailleurs que dans l'esbroufe...

Là réside probablement la cause principale de ce que Régis Debray nomme pudiquement l'"émoussement des sensations littéraires".

Misère d'une production littéraire incapable de faire roman de la misère du monde.

Médiocrité des temps, médiocrité de la littérature, médiocrité des acteurs et des figurants : tout est raccord.





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