"Sur l'eau" (1888, à ne pas confondre avec la nouvelle fantastique du même titre mais antérieure) est un des chefs d'œuvre de Maupassant. Al mio parere...
La sortie en mer qui le mène pour quelques jours de Cannes à St Tropez, en attendant de s’achever brusquement autour d’un tapis vert monégasque, est prétexte, au delà de la simple narration nourrie de paysages sublimes - on est à la fin du XIXème siècle, avant la barbarie touristique... - à des digressions sur la nature humaine, la femme - sur ces deux sujets on imagine les feux d'artifice de la misanthropie et de la misogynie donjuanesque de l'auteur -, le rôle et la place de l'écrivain, la mort, bref tout ce qui peut occuper l'esprit d'un homme sur son voilier - le « Bel Ami » - ! aux prises avec les coups de vent furieux de Méditerranée.
C'est un délice, assombri seulement par la brièveté des huit récits qui le composent.
Le voilà donc qui arrive à St Tropez, "à l’entrée de l’admirable golfe nommé jadis golfe de Grimaud ".
"Plus de vent. Le golfe a l’air d’un lac immense et calme où nous pénétrons doucement en profitant des derniers souffles de cette bourrasque matinale.
À droite du passage, Sainte-Maxime, petit port blanc, se mire dans l’eau, où le reflet des maisons les reproduit, la tête en bas, aussi nettes que sur la berge. En face, Saint-Tropez apparaît, protégé par un vieux fort.
À onze heures, le Bel-Ami s’amarre au quai, à côté du petit vapeur qui fait le service de Saint-Raphaël. Seul, en effet, avec une vieille diligence qui porte les lettres et part la nuit par l’unique route qui traverse ces monts, le Lion-de-Mer, ancien yacht de plaisance, met les habitants de ce petit port isolé en communication avec le reste du monde.
C’est là une de ces charmantes et simples filles de la mer, une de ces bonnes petites villes modestes, poussées dans l’eau comme un coquillage, nourries de poissons et d’air marin, et qui produisent des matelots. Sur le port se dresse en bronze la statue du bailli de Suffren. On y sent la pêche et le goudron qui flambe, la saumure et la coque des barques. On y voit, sur les pavés des rues, briller, comme des perles, des écailles de sardines, et le long des murs du port le peuple boiteux et paralysé des vieux marins qui se chauffe au soleil sur les bancs de pierre. Ils parlent de temps en temps des navigations passées et de ceux qu’ils ont connus jadis, des grands-pères de ces gamins qui courent là-bas. (...)
On est là au pays de la mer, dans une brave petite cité salée et courageuse, qui se battit jadis contre les Sarrazins, contre le duc d’Anjou, contre les corsaires barbaresques, contre le connétable de Bourbon, et Charles-Quint, et le duc de Savoie et le duc d’Épernon."
La petite histoire dit que ces lignes échouèrent quelques décennies plus tard sous les yeux d'une ressortissante des lieux.
Il semblerait qu'elle ne les ai appréciées que modérément, si l'on en croit une de ses expressives mimiques.
Mais on dit aussi qu'elle faisait souvent la moue...
La côte normande de ce cher Guy de a sans doute moins changée que la côte d'azur. Il serait question de transformer les plages du débarquement en parc d'attraction pour touristes américains. Bientôt des yachts dans le port d'Honfleur et Nabila sur les galets d'Etretat ? Allô quoi!
RépondreSupprimerJ'aurais au moins eu la grande émotion de les arpenter en l'état...
RépondreSupprimerIl me semble que ces lieux ont un statut juridique un peu particulier dans la mesure où ils sont (?) administrés et entretenus par les USA. À vérifier cependant...
Quant à la dénommée Nabilla, on peut légitimement l'imaginer à Etretat, susurrant "Tire ailleurs, c'est mes galets..."
Les lundi matins ne sont pas toujours porteurs de légèretés, avouons-le... Pardon.