‘That young man must be mad"...

Avril 1928. 
Scott et Zelda entament leur troisième séjour à Paris. Lui, officiellement pour y trouver une certaine tranquillité, - Hemingway ayant quitté Paris... -, elle, vingt-huit ans, - qui s’était inventé une carrière de danseuse étoile et, pour cela, persuadée de devoir travailler avec les Ballets russes... 
Pour mettre toutes les chances de leur côté, les deux établissent un planning précis et strict de leurs journées : pour lui, plus ou moins trois litres de gin et une trentaine de bières; pour elle, sept à huit heures quotidiennes d’exercices et de répétitions !


Scott fait la connaissance de Sylvia Beach et Adrienne Monnier, lesbiennes et libraires, deux librairies sises Rue de l’Odéon, l’une face à l’autre, au 7 et au 12. Clientèle : Hemingway, Gertrude Stein. Ezra Pound, etc.
Deux femmes passionnées et passionnantes : elles se font éditeur et prennent le pari fou d’éditer pour la première fois l’Ulysse de James Joyce.


Juillet 1928.
"Cher Scott Fitzgerald,
N'oubliez pas que vous et Mme Fitzgerald venez diner avec nous mercredi prochain à 8 heures (en compagnie de M. et Mme Joyce) et que nous comptons sur vous. Adrienne et moi habitons au 18 rue de l’ Odéon au 4ème sans ascenseur.
Meilleurs sentiments."
Sylvia Beach.
Il est des invitations qui se révèlent d'or...


Outre les deux forçats américains, sont conviés André Chamson et son épouse Lucie, et surtout James et Nora Joyce.
Le dîner a bien lieu, date et lieu convenus. 
Scott boit - quoi d'autre ? - , plus que de coutume semble t-il, en pâmoison devant Joyce. Zelda s'abstient, qui ne partage pas son admiration.
Sur un exemplaire du Gatsby qu'il vient d'offrir à Sylvia Beach, il dessine la table, deux sirènes figurant leurs hôtesses, se représentant lui-même en enfant agenouillé devant un Joyce surmonté d'une auréole, et légendé d'un "Festival of St. James" !
On imagine la tête de l'Irlandais...
Avant de grimper plus tard sur le rebord de la fenêtre et de proposer un saut dans le vide pour montrer toute sa ferveur...
Commentaire de Joyce à son éditrice : " Je pense que ce jeune homme doit être fou; j'ai bien peur qu'il ne lui arrive malheur...".
Le lecteur attentif notera l'absence de Zelda sur le croquis...


‘That young man must be mad"... Zelda était donc en bonne compagnie, comme devait le montrer la suite...









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