Tête de...
Inconscient je vivais, tranquille, ma vieille édition du Moby Dick de Melville - traduction d'Armel Guerne (1954) bien rangée à son emplacement, sur l'étagère ad-hoc.
Inconscient.
Car voilà que j'apprends que ce que j'avais cru depuis le temps lointain de l'adolescence était faux : le capitaine Achab ne poursuivait pas sur les mers et océans du monde une baleine - whale en V.O. - mais un cachalot - sperm whale.
À ce stade vous me direz que cela a peu d'importance, l'essentiel étant ailleurs, dans l'hubris de la poursuite et du combat.
Innocent que vous êtes... comme moi.
Car ce qui apparaît enfin pour éclairer l'intelligence du texte dans sa récente traduction, par ailleurs excellente dit-on, c'est que ce changement de sexe n'est en rien innocent, lui.
Le monstre est désormais masculin. Ce qui transforme cette poursuite en un combat sans merci de mâles.
La clé du roman est donc l'homosexualité.
D'Achab, s'entend.
Quoique, les temps étant ce qu'ils sont, Moby...
Il est cependant permis d'espérer que blanche demeure la couleur du monstre marin - gardons une prudente réserve, continuons à le désigner ainsi, monstre, dans une neutralité de bon aloi.
Seul élément de stabilité dans ce maelström herméneutique : Dick a toujours la même signification en anglais...
M'en fous ! Inconscient je demeure, avec ma vieille édition, sans impatience aucune de relire tout cela à la lumière du sexuellement correct en vigueur.
Si j'ose dire.
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