Stendhal et Nietzsche, réfugiés sexuels.

Dans la dernière livraison - passionnante - de la Revue des deux mondes 
( mai-juin 2023 ) consacrée à Nietzsche et à Pascal - beaucoup plus proches que ne l'a même pas soupçonné l'université française... -, l'excellent Marin de Viry se livre sur cinq pages allègres à un riche et réjouissant parallèle entre le moustachu et le milanais.

Ainsi, "s'agissant du continent féminin, on voit bien qu'on a affaire à deux hommes qui ne sont pas des séducteurs : chez Nietzsche, des discours, mais pas assez d'aventures pour fournir un carnet de notes; chez Stendhal,  beaucoup de notes sur l'objectif, mais très peu sur la réalisation, en tour cas avec la femme aimée ( en revanche, beaucoup d'échanges graveleux avec Mérimée sur la machine, mais ça reste très technique et dans un environnement, disons, commercial ). 
La corrélation inverse très fréquente entre le génie littéraire ( très grand ) et l'attractivité érotique ( très petite ) se vérifie."

Certes, certes... Mais si tout cela peut éventuellement consoler - justifier... pourquoi pas ? - d'un génie littéraire plus que relatif et à l'état perpétuel de promesse - tiens... au fond de moi, comme un très vague début de soulagement... ainsi tout s'expliquerait... -, comment ne pas rester interdit face à ce qui semble être le lot d'une grande majorité des barbouilleurs de papier contemporains : allier l'ombre d'un talent à la fiction de leur attractivité érotique ?

Plus loin, le pertinent de Viry croit devoir remarquer que "les lire désapprend aux hommes à draguer". On se permettra ici de hausser un sourcil inquiet mais en réalité désapprobateur face à une telle assomption, fût-elle renforcée par le fait que "ni le Prussien coincé ni le libertin ( principalement ) cérébral ne maîtrisent l'art du baratin" !

Et l'auteur de constater, un brin dépité, que "Nietzsche et Stendhal sont les premiers réfugiés sexuels d'une longue série historique" !

La jeune dame pourrait bien avoir un avis sur le sujet... on s'en voudrait de la déranger pour si peu...



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