Agriates et Ataraxie.




ENTRE LES ORTIES ET LE SUREAU

Ô bonheur
L’air fluide et tendre cède plus mollement que l’eau
La  grenouille confie ses clameurs aux rochers lisses du maquis
À l’appétissante bouillie au bassin vert miroitant
Zone marécageuse entre le souffle et les roseaux
Le silence respire et j’expire immobile et sanguine comme le drapé du rêve
Je retiens mon souffle et c’est le calme
Calme la vague émue
Calme le sable le ciel et l’introuvable tortue
Calme le cri qui ne s’élèvera plus
Sois  heureuse car la nuit repose dans le courant qui tire vers le large
Et  l’éléphant blanc ouvre la porte qui donne sur la baie
Et blêmit car ici même le vent sait attendre.

Joyce Mansour (1928-1986) était une poétesse juive égyptienne liées aux surréalistes, plus particulièrement à André Breton.
Et, ce qui ne gâche rien, championne de course à pied.
Elle écrivit ce poème en 1963 lors d'un séjour en Corse, à Saint-Florent dans la propriété de Maurice Rheims.
Publié initialement en 1965 dans un recueil "Carré blanc", puis chez Actes Sud en 1991, il figure parmi les "Oeuvres complètes" parues en 2014 chez Michel de Maule.

Il est possible qu'il parle à quelque amoureux des Agriates...

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