Paoli & Catherine la Grande.
Le rangement d'une bibliothèque est source de joies diverses. Retrouver tel livre à l'importance particulière (candidat à la fameuse liste des dix à emmener sur l'île déserte, pont aux ânes de l'inculture contemporaine hebdomadairement magnifiée - là je m'écarte, non ?), tel autre ramenant à la surface de la mémoire un moment heureux - ou moins.., tel autre enfin source d'inquiétude sur sa propre santé mentale - comment ai-je pu acheter et lire cela ?
Et bien sûr il y a les égarés, mal classés ou chétifs condamnés à glisser vers l'arrière, vers le purgatoire, sinon l'enfer qui est toute autre chose. Enfin était...
Deux bijoux dans ces retrouvailles printanières : le bréviaire de Talleyrand, depuis plus de deux siècles source d'horreur pour tous les bien-pensants politiques, fous de moraline, et ne serait-ce qu'à ce titre, admirable.
Et des extraits de la correspondance de Catherine II, la Grande, réunis par le Mercure de France sous le titre "L'éloge du sang-froid".
La liste des correspondants se suffit à elle-même : D'Alembert, Grimm, Potemkine bien sûr, le Pape et les souverains contemporains à l'égard desquels affleure un mépris réjouissant, tous gravitant autour des seuls "deux maîtres" reconnus : Pierre le Grand et Voltaire.
Et Pascal Paoli.
On le croise tout d'abord au détour d'une lettre à Voltaire (Décembre 1768) dans laquelle Catherine évoque une guerre contre les Turcs (Moustapha...) et établit une correspondance avec ce qui se passe en Corse : " Je ne sais si ce dernier (Paoli) parle français, mais il sait combattre pour ses foyers et son indépendance".
Plus importante, une lettre de Juin 1769 qu'elle adresse directement "aux braves Corses, défenseurs de leur patrie et de la liberté, et en particulier au général Pasqual (sic) de Paoli", entièrement de sa main et jamais reçue par le (s) destinataire (s) !
Elle y dit notamment toute son admiration pour le combat mené "depuis bien des années" pour "sauver la patrie d'une usurpation injuste", "cause reconnue pour telle de l'un à l'autre pôle".
Et conclut, signant au nom de "vos sincères amis, habitants du Nord-Pôle"!
On aura bien compris que l'admiration proclamée pour Paoli et les Corses n'allait pas sans la satisfaction des contrariétés et difficultés que causait la situation en Corse au Royaume de France.
Mais enfin, le fait de s'engager ainsi par un écrit, et à cette date, n'était pas sans significations.
Et à l'appui de ses dires, Catherine accompagnait sa missive d'une somme d'argent recueillie sans doute par souscription : " Recevez les fruits que votre fermeté a produits"...
Inutile de dire que, pas plus que la lettre, Paoli ni la Corse ne virent jamais la couleur de cet argent !
Le peu de sûreté des services des postes en ces temps troublés sans doute...
La reconnaissance de la véritable importance politique de Paoli, si tant est que celui-ci ait besoin de cautions historiques, passe, me semble-t-il, plus par la référence à un personnage de la dimension de Catherine la Grande que par l'appel sans cesse ânonné au psychopathe pervers qu'était Rousseau.
Mais déjà les hurlements... Entendrait-on "dans les bois lointains des hallalis" du politiquement correct insulaire ?
Et bien sûr il y a les égarés, mal classés ou chétifs condamnés à glisser vers l'arrière, vers le purgatoire, sinon l'enfer qui est toute autre chose. Enfin était...
Deux bijoux dans ces retrouvailles printanières : le bréviaire de Talleyrand, depuis plus de deux siècles source d'horreur pour tous les bien-pensants politiques, fous de moraline, et ne serait-ce qu'à ce titre, admirable.
Et des extraits de la correspondance de Catherine II, la Grande, réunis par le Mercure de France sous le titre "L'éloge du sang-froid".
La liste des correspondants se suffit à elle-même : D'Alembert, Grimm, Potemkine bien sûr, le Pape et les souverains contemporains à l'égard desquels affleure un mépris réjouissant, tous gravitant autour des seuls "deux maîtres" reconnus : Pierre le Grand et Voltaire.
Et Pascal Paoli.
On le croise tout d'abord au détour d'une lettre à Voltaire (Décembre 1768) dans laquelle Catherine évoque une guerre contre les Turcs (Moustapha...) et établit une correspondance avec ce qui se passe en Corse : " Je ne sais si ce dernier (Paoli) parle français, mais il sait combattre pour ses foyers et son indépendance".
Plus importante, une lettre de Juin 1769 qu'elle adresse directement "aux braves Corses, défenseurs de leur patrie et de la liberté, et en particulier au général Pasqual (sic) de Paoli", entièrement de sa main et jamais reçue par le (s) destinataire (s) !
Elle y dit notamment toute son admiration pour le combat mené "depuis bien des années" pour "sauver la patrie d'une usurpation injuste", "cause reconnue pour telle de l'un à l'autre pôle".
Et conclut, signant au nom de "vos sincères amis, habitants du Nord-Pôle"!
On aura bien compris que l'admiration proclamée pour Paoli et les Corses n'allait pas sans la satisfaction des contrariétés et difficultés que causait la situation en Corse au Royaume de France.
Mais enfin, le fait de s'engager ainsi par un écrit, et à cette date, n'était pas sans significations.
Et à l'appui de ses dires, Catherine accompagnait sa missive d'une somme d'argent recueillie sans doute par souscription : " Recevez les fruits que votre fermeté a produits"...
Inutile de dire que, pas plus que la lettre, Paoli ni la Corse ne virent jamais la couleur de cet argent !
Le peu de sûreté des services des postes en ces temps troublés sans doute...
La reconnaissance de la véritable importance politique de Paoli, si tant est que celui-ci ait besoin de cautions historiques, passe, me semble-t-il, plus par la référence à un personnage de la dimension de Catherine la Grande que par l'appel sans cesse ânonné au psychopathe pervers qu'était Rousseau.
Mais déjà les hurlements... Entendrait-on "dans les bois lointains des hallalis" du politiquement correct insulaire ?
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