Déon et l'ombre de Faulkner.

Nouvelle-Orléans, toute fin des années quarante. Un certain Pierre Gauthier, Français plus ou moins réfugié aux États-Unis pour d'obscures raisons politiques, en cavale suite à un meurtre qu'il n'a pas commis à San Francisco, se retrouve en Louisiane à attendre un hypothétique rapatriement en Europe.
En des nuits se résumant pour l'essentiel à une lecture en pointillés de Stendhal, à de vaines attentes d'un amour vain, et à d'appréciables quantités d'alcools ingurgitées au gré des rencontres dans le quartier français.
Sur fond de jazz "New Orleans" : "D'où venaient ces lignes mélodiques ? Où allaient-elles ? Empruntées peut-être, un soir, dans une plantation à une jeune fille tapotant du Mozart, elles retournaient maintenant à la liberté."
Il y croise un ex-chroniqueur littéraire, dont la carrière se résume à un article destiné à la presse locale - mais non publié - sur le "Soldier's Pay" de Faulkner. 
Ce qui ne dissuade en rien le compagnon de beuverie du héros de "La Corrida" de qualifier ce "vieillard immense et maigre" de "plus grand critique du monde".
De là, l'improbable rencontre de Gauthier (Déon ?) et de Bill Faulkner. 
Pas si improbable que cela : traîne quelque part sur le Web,  sur le site de l'INA, un entretien de Déon remontant à 2011 dans lequel il retrace sa réelle rencontre avec Faulkner !

Michel Déon, La Corrida, Gallimard Folio, 1952. Pages 160, 178, 179.


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