Hem.

Hemingway. De ces écrivains lus, parfois avec plaisir, rarement avec émotion - à dix / douze ans, "Le vieil homme et la mer", bien sûr -, et jamais relus.

La personne ? Hâbleur, au panache souvent inutile à en tutoyer le ridicule, touchant aussi en certaines circonstances, grandi par sa mort choisie.

L'homme ? Comment lui-pardonner son attitude envers Fitzgerald, toute de jalousie, de condescendance, de mépris souvent.. Qui ne parvient pas à se dissimuler sous l'hypocrite et tardive légende qui veut un Hemingway heurté par l'influence calamiteuse, néfaste de Zelda se conjuguant à la paresse de son époux pour l'empêcher de bâtir une œuvre à la hauteur de son immense talent. 
Lui ? Sauver Scott ?
Bullshit.

L'ironie de la vie me fait périodiquement fréquenter et séjourner dans des lieux emblématiques du personnage. 
Paris, et le bar du Ritz - qu'il a, paraît-il, "libéré" (!) -, le circuit de Montparnasse - le Sélect et la Coupole, le Dôme et la Closerie, le Bullier enfin.
Venise et son Harry's Bar.
Key West et sa maison aux chats si spéciaux, à six doigts...
Dernier lieu en date : Stresa et son Grand Hotel des Îles Borromées. Là encore et toujours, son bar.
Et sa trace sous la forme d'une suite et d'un cocktail. À son nom.

"Je pris une bonne chambre. Elle était fort grande, et claire, et donnait sur le lac. Les nuages, très bas, touchaient presque le lac ; mais les jours de soleil, la vue devait être superbe. L’hôtel était très luxueux. Par de longs corridors, par de larges escaliers, à travers beaucoup de salles, je me rendis au bar." 
(L’Adieu aux armes. 1929.)

Les lieux n'ont pas changé. Ou si peu.
J'eus cependant plus de chance - sous un grand soleil.

Je n'irais pas jusqu'à soutenir que son choix très sûr en matière de spiritueux rachèterait tout le reste. 
Mais disons que, tutto sommato, une certaine indulgence peut être de mise.
Le temps d'un Bellini ou d'un Martini.




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