Cioran, sa vue, son œuvre.

- Y a-t-il un titre auquel vous soyez attaché en particulier ?
- Sans aucun doute De l’inconvénient d’être né. J’adhère à chaque mot de ce livre qu’on peut ouvrir à n’importe quelle page et qu’il n’est pas nécessaire de lire en entier.

Je suis aussi attaché aux Syllogismes de l’amertume pour la simple raison que toute le monde en a dit du mal. On a prétendu que je m’étais compromis en écrivant ce livre. Au moment de sa parution, seul Jean Rostand a vu juste : " Ce livre ne sera pas compris " a-t-il dit.

Mais je tiens tout particulièrement aux sept dernières pages de La chute dans le temps qui représentent ce que j’ai écrit de plus sérieux. Elles m’ont beaucoup coûté et ont été généralement incomprises. On a peu parlé de ce livre bien qu’il soit à mon sens, le plus personnel et que j’y ai exprimé ce qui me tenait le plus à cœur. Y a-t-il plus grand drame en effet que de tomber du temps ? Peu de mes lecteurs hélas ont remarqué cet aspect essentiel de ma pensée.

Ces trois livres auraient certainement suffi et je n’hésite pas à redire que j’ai trop écrit.

Entretiens avec Sylvie Jaudeau, éd. José Corti, 1990.



Gabriela Manzoni. Qui d'autre ?

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