Cale animé.

"London – April 1985. John Cale plunged into Dids’s miniature elf’s lair in Balham. Overweight, overcoat, over here. Hiding his wild coke-stary eyes beneath scratched Wayfarers, covering his beer-barrel gut with a stained sweatshirt and a No-Smoking sticker. This was the man who’d directed the aesthetic of New York’s most stylish pop-group. Distanced now, by more than a decade, from the marketing genius of Warhol and the savvy of Reed, he’d had to take on the narcotic, alcoholic and physical abuse alone. Yet beneath the overcoat, the distended belly and the bloated ego you sensed there might still exist a good-looking, almost likeable, Welsh grammar-school boy on the make."
James Edward Young, Nico : Songs they never play on the Radio, 1992.



On peut se fier à son jugement : Nico, en train de parachever l'œuvre de sa vie, lutte sans fin pour tuer une beauté physique si pesante..., est experte en déglingue, de préférence sur base de substances diverses.
Et donc voici que débarque en Europe son vieil ami / amant / collègue de travail au sein du Velvet / producteur etc., vu comme "un John Cale en surpoids, aux yeux vitrifiés de coke derrière ses Wayfarer, ventre débordant d'un sweat couvert de tâches : voilà le type qui présidait à l'esthétique du groupe pop ( ! ) le plus stylé de New-York, largué plus de dix ans après, par le génie marketing de Warhol et la malice de Lou Reed. Mais derrière ce ventre en forme de barrique et cet ego boursouflé, on sentait que survivait l'empreinte de l'écolier gallois, mignon, presque adorable."
Ce qui lui avait valu, sans doute, d'être violé, enfant, à deux reprises, par un prêtre anglican en son église et par un professeur de musique...

Cale demeure... Cale en effet, seul véritable musicien du Velvet - et à ce simple titre cible privilégiée de Lou Reed -, un des rares compositeur / multi-instrumentiste / chanteur / producteur de haut niveau d'un cirque rock en bout de course, fils de mineur gallois aux dons exceptionnels qui l'ont fait expédier très tôt à New-York pour parachever une éducation musicale sous la houlette d'Aaron Copland et John Cage, pas moins !
Cale en effet, en dépit d' eighties erratiques pour lui, jusqu'au "Songs for Drella" de 1990, hommage à Warhol conçu et enregistré avec un Lou Reed qui veut évidemment essayer de le réduire à nouveau à la portion congrue, ce qui causera l'énième et ultime brouille entre les deux.
Cale est si mal en point qu'il est réduit à emprunter à Nico certains des bras cassés qui l'accompagnent pour l'enregistrement d'un album, certes mineur et secondaire dans sa discographie, mais toujours écoutable trente-cinq ans après. Pas le cas de tout le monde...
"Artificial Intelligence" est un album bancal, et pas seulement parce qu'il est écrit avec Larry "Ratso" Sloman. Moins bordélique que certains des opus précédents, il traîne le poids de textes abscons, d'une production estampillée eighties, drum machines envahissantes et autres fantaisies post disco qui n'auront même pas épargné un Dylan...
Bancal mais intéressant et au charme suranné. 
Même si on est à des années-lumière de "Paris 1919" - un de mes disques pour île déserte - , pour ce que vaut un tel critère, ...

Une curiosité s'y niche, sorte de mashup avant l'heure que le Prince Serendip fait surgir du fin fond de la discothèque : "Chinese take away ( Hong Kong 1997 )", collage témoin des préoccupations politiques du gallois ( ? ) à l'idée de rétrocéder Hong Kong aux chinois douze ans avant la rétrocession effective ( ! ) et dont l'intérêt majeur est de jouer à reconnaître les citations, de Bach à Beethoven en passant par Moustaki et son Milord...
Jouons donc...

Commentaires