Une mésange fait mon printemps.

Je m'abandonnais hier à la vue de la première mésange de l'année, solitaire, annonciatrice de printemps, un temps perchée sur une branche basse du mûrier platane qui fait face à la cuisine.
Ataraxie. 
Un instant troublée à la pensée d'un fâcheux - "lanceur d'alerte" dit-on dans cette novlangue si volontiers pratiquée par des incultes qui, le plus souvent, en sont restés à une maîtrise élémentaire de leur langue maternelle. 
Un fâcheux donc, prompt à me tancer. À me faire reproche de mon bonheur innocent. Au lieu qu'une telle vision aurait du m'alarmer, signe certain d'un réchauffement climatique à ce point grave qu'il fait surgir une mésange au début du mois de janvier.
Là ou il y avait épouvante pour notre planète, je ne voyais que minutes de grâce offertes par la vie.
L'inconscience de mon épicurisme égoïste, fils de mon indécrottable individualisme petit-bourgeois, me mettait de facto au ban de toute société policée en attendant ma comparution et ma condamnation au tribunal de l'écologiquement correct.

Je me suis très vite senti rassuré pourtant : si problème il y avait, c'était en lui, non en moi. 
Et incapable de plaindre ce pénible imaginaire, peu désireux de lui porter secours en lui offrant de partager ma sérénité, je retournais, heureux, au spectacle de ma mésange.



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