Sex Machine ?

Dans son "Cato Maior, De Senectute" / "Savoir vieillir" dans l’excellente édition chez Arléa, Cicéron adopte la forme du dialogue en mettant son propos dans la bouche de Caton l'Ancien.
Évoquant l'une des raisons de détester la vieillesse, la privation des plaisirs de la chair, Caton retrace une conversation entre Archytas de Tarente et Gaius Pontius, pour le moins décalée, anachronique pour notre siècle !

Ainsi, pour Archytas, "il n'est de pire calamité pour l'homme que le plaisir du sexe, de fléau plus funeste que ce cadeau de la nature.
La quête effrénée de la volupté est une passion possessive, incontrôlée. Elle est la source de la plupart des trahisons envers la patrie, de la chute des États, des connivences funestes avec l'ennemi. Il n'est pas un crime, pas un forfait que la concupiscence ne puisse inspirer. 
C'est à cause d'elle que l'on commet viols, adultères et autres turpitudes. Autant l’intelligence constitue le plus beau cadeau fait à l’homme par la nature - ou par les dieux -, autant l’instinct sexuel demeure le pire ennemi de celui-ci.
Où règne la débauche, il n'est point de place, bien sûr, pour la tempérance; là où le plaisir triomphe, la vertu ne saurait survivre."


Voilà donc la vieillesse perçue comme délivrance pour l'homme du "fléau du sexe" et non plus responsable de la privation de ce désir "qu'on dit charnel" ...


On se satisfera aisément de voir passer, sans impatience aucune, quelques années avant de se faire une opinion basée sur le vécu...


En attendant, un mot de l'immense La Rochefoucauld sur ces sempiternels donneurs de leçons du haut de leur âge - "vieux cons" en français contemporain - et leur présumée sagesse :"Les vieillards aiment à donner de bons préceptes, pour se consoler de n’être plus en état de donner de mauvais exemples."




Commentaires

  1. La Rochefoucauld a disséqué et dénoncé les stratagèmes d'une vanité dont il n'a lui-même jamais pu se défaire. Il n'est pas dingue même de penser que son opuscule soit le fruit un tantinet amer de ses ambitions déçues, comme celle de n'avoir — malgré quelques manigances — jamais réussi à obtenir de tabouret pour sa femme. Suite de déconvenues qui aura déclenché une lucidité exceptionnelle, et dont on ne peut (et ne veut) plus se défaire.
    Enfin tout ça pour dire qu'une philosophie, une position morale, etc. dépend davantage de nos petits arrangements avec notre instinct, notre caractère et nos humeurs, que de notre raison. On se supporte comme on peut.

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    1. Vous me semblez un peu sévère avec La Rochefoucauld... Moraliste, non moralisateur ! Jetez donc un œil sur l'aphorisme 36 d'Humain trop humain 😉

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    2. Non je ne crois pas être sévère. Ce sont des faits de sa biographie. Je reste assez persuadé que ses hautes ambitions assouvies ce livre (qui n'était d'ailleurs pas prémédité, dans ses prémices simple jeu de salon du guerrier démobilisé) n'aurait peut-être jamais vu le jour. Et je fais très bien la différence entre moraliste et moralisateur, Chamfort, Lichtenberg et La Rochefoucauld étant parmi mes auteurs de chevet.
      Je relis l'aphorisme 36 et j'adhère encore une fois et sans la moindre hésitation à ce que notre Freddie y exprime (moins attaché à ce "HTH" mais son "Gai Savoir" aura été un livre important pour moi, un départ de feu en quelque sorte).
      Cependant ces stratagèmes, je persiste à croire qu'il les a aussi constatés dans ses propres actions et rouages intimes.
      Et puis "On préfère dire du mal de soi que de n'en point parler" : il ne serait pas aberrant de penser que c'est parfois ce qu'il a fait sous couvert de "lois générales".

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    3. Pas grave... Sainte-Beuve, Proust, la biographie, l’œuvre ... Lire La Rochefoucauld au sortir de l'adolescence éviterait bien des déconvenues..., non ?

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  2. Là n'est pas la problématique. Les femmes émancipées ne veulent pas parader ni être "emmerdées" sur les réseaux sociaux.

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    1. Et elles ont bien raison ! Ni là, ni ailleurs ! Cela dit, le rapport avec mon petit billet m'échappe... Light, please !

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  3. Pour nous qui avons passé certains caps ces maximes sont un cognac que nous sirotons avec flegme (même si le feu intérieur est toujours là, et sans effort) ; pour des gosses de dix-huit ou vingt ans, c'est un gaz moutarde, de la mort-aux-rats. Mais ils ont Baudelaire (nous aussi), qui les y amènera... "gentiment" ^^

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