Ulysse et son mal de mer.

La fréquentation matinale du cher vieux Sénèque peut révéler, sur des faits ou des mythes, des éclairages et interprétations passés inaperçus jadis ou naguère lors de lectures précédentes, ou simplement oubliés. J'ignore ce qui, des deux, est le plus rassurant pour l'égo... pas le problème du jour.

Et donc voilà notre si sage ami, aux prises à une forte houle qui secoue son embarcation du côté de Naples, se trouvant "trop mal en point pour prendre conscience du péril, tourmenté d'une de ces nausées paresseuses et sans effet qui remuent la bile et ne l'expulsent pas", qui prie son pilote de regagner la terre ferme dont il n'est pas très distant.
Refus du pilote qui argue de son savoir-faire : Sénèque se jette donc à l'eau, "en tenue d'amateur du bain glacé, avec un peignoir de laine" ( ! ).
Et gagne le rivage.

Sauvé et méditant sur l'incident, il a une illumination dont il fera part à Lucilius dans la lettre 53 du Livre VI des dites Lettres : "Il faut que tu le saches : Ulysse n'était pas né maudit de Neptune au point de faire en tous lieux naufrage : il était sujet au mal de mer. Tout comme lui, sur quelque point que je doive mettre le cap, je n'arriverai qu'au bout de vingt ans".

Voilà donc l'explication d'une errance de vingt années au retour de Troie !
Aucune vindicte divine, juste un mal de mer chronique...

Une bonne âme aura une pensée émue pour Sénèque, ce qu'il dut subir lors de son départ d'exil entre Rome et la côte orientale de Corse, puis à son retour, entre le Cap Corse et le Latium, la mer Tyrrhénienne n'étant pas réputée pour le calme de ses flots...
Le philosophe stoïcien fut-il, en ces occasions, stoïque ?



Commentaires

  1. Contrairement à ce qui arrive dans la vie, en mer, avec le temps, on finit par s'amariner.
    Peut-être qu'Ulysse, mi-homme mi-poisson, faisait trop d'escales.

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