Le Parrain, cinquante ans. #2.

Reno donc. Johnny Cash y flingua un type jadis - just to watch him die. Chanson.
Reno. Jeu, boissons et gonzesses, jadis, naguère, de toute éternité. Cliché.
Mais travail acharné pour mettre en place un scenario qui sera dans un premier temps centré sur la fin de Don Corleone, son pouvoir et sa transmission - le premier volet est un film politique romain, son coeur, la famille - sa colonne vertébrale, la clientèle - le tout sur fond de mutations de la pègre de l'est américain. Little Italy commence à rétrécir...
À l'époque, Coppola n'est pas encore grand-chose dans un Hollywood en pleine révolution. Producteur ruiné du THX 1138 de son ami George Lucas, il devra attendre 1971 pour son premier Oscar pour le scénario de Patton. Il continue d'apprendre donc - "I learned so much from Mario, perhaps most importantly the need to rewrite and keep rewriting and not be daunted by doing more and more drafts" -, se pénétrant notamment de l'importance du vécu familial et de l'enfance dont il usera amplement dans sa filmographie ultérieure, dès les deux derniers volets de la trilogie du Parrain :
"He also impressed on me the value of using everything that is important to your personal life. Mario told me that all of the great dialogue, those quotable lines he put into the mouth of Don Corleone, were actually spoken by Mario’s mother. Yes, “an offer he can’t refuse,” “keep your friends close but your enemies closer,” “revenge is a dish that tastes best cold,” and “a real man takes care of his family,” among many others, were sayings he heard from his own mother’s lips. 
Mario later wrote, “Whenever the Godfather opened his mouth, in my own mind I heard the voice of my mother. I heard her wisdom, her ruthlessness, and her unconquerable love for her family and life itself. Don Corleone’s courage and loyalty came from her, his humanity came from her.”

"Il m'a convaincu de l'intérêt d'utiliser tout ce qui peut être important dans votre vie privée. Mario m'a dit que tous les mots dignes d'être mémorisés mis dans la bouche de Don Corleone venaient de sa mère.
Oui, "une proposition qu'il ne pourra pas refuser,", "garde tes amis tout contre toi mais tes ennemis encore plus", "la revanche est un plat qui se mange froid" ou "un homme, un vrai, prend soin de sa famille", il tenait tout cela de sa mère. 
Mario a d'ailleurs écrit plus tard : "Chaque fois que le Parrain ouvrait la bouche, en moi-même j'entendais la voix de ma mère, sa sagesse, sa dureté, et son amour insubmersible pour les siens et la vie en général. Le courage et l'esprit de loyauté de Don Corleone venaient d'elle, tout comme son humanité".
Sigmund aurait adoré...
Voilà qui rétablit l'importance de Puzo, souvent sous-estimée, dans l'écriture du scénario. 

Va s'établir entre entre eux une sorte d'équilibre et d'influence mutuelle dans le travail - "He was the arbiter of what the novel’s characters would do, while I was offering a kind of interpretation from the perspective of what a movie director would do" - qui sera probablement la clé du réalisme de la trilogie et du caractère intemporel des personnages principaux. La patte du romancier, l'oeil du cinéaste...
Lequel, pour autant, n'accorde pas une confiance aveugle au-dit arbitre !
Ainsi il doit batailler pour lui imposer la mort de Fredo voulue par Michael, au prix d'un compromis sur le moment du meurtre qui peut enfin se commettre, mais seulement après le décès de la mère.
"Not all of my ideas went over so well. Mario was dubious about the idea that it was Fredo who betrayed Michael; he didn’t think it was plausible. But he was absolutely against Michael ordering his own brother to be killed. 
It was a stalemate for a while, as nothing would happen unless we both agreed. Finally I tossed him the idea that Michael wouldn’t have Fredo killed until their mother died. He thought about this for a moment, and then said okay, it would work for him."
Ainsi du moment clé de l'avortement de Kay, dont l'idée revient à la sœur - future "Adrieeeene" éructée par Rocky... - de Coppola, Talia Share  : "He also had a tough time with the notion that Kay would tell her husband that she had aborted their unborn son. Actually it was my sister, Talia, who came up with that idea. 
I loved it because it seemed symbolic and the only way a woman married to such a man could halt the satanic dance continuing generation after generation, which Nino Rota’s waltz theme expressed. Mario wasn’t sure about it, but he let me have it. 
Où l'on voit au passage que, dans la psyché chrétienne de Coppola, Satan n'est jamais très loin, qui sera encore du voyage dans la remontée du fleuve d'Apocalypse now.

Et grand seigneur, Coppola de conclure : "He was a great collaborator, after all."
Pour le moins...

L'entêtante ritournelle de Nino Rota, une de plus...
https://youtu.be/oBX2Il-THyQ

Demain, la trilogie, suite et fin. Et une curieuse - et invérifiable... - anecdote à propos de l'intérêt pour le film d'un certain Gotti. John Gotti.




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