Le Parrain, cinquante ans. #3.
Bingo !
Il y eut les Oscars, l'accueil critique délirant que le temps confirmera et amplifiera - classé en 2007 deuxième meilleur film américain de tous les temps derrière l'intouchable Citizen Kane par l'American Film Institute, le film garde encore et toujours son statut de film-culte -, et la montagne de dollars qui en découla dès sa sortie et ne laissa personne indifférent : "There's no business like show-business !"
Car au delà de la véritable naissance de Coppola-cinéaste et de la résurrection de Brando, il s'agissait de garder la tête froide et de penser aux choses sérieuses : "After the great success of the first film, the owner of Paramount told me,“If you have the formula for Coca Cola you should make more of it.”
Les gens de la Paramount savaient ce qui importait vraiment à Hollywood. Ils avaient sous la main le détenteur du fameux 7X de la marque d'Atlanta, il n'y avait plus qu'à presser le citron...
Coppola affirme qu'il n'y avait même pas pensé, le film se suffisant à lui-même : "In truth I had never thought that there should be a sequel to The Godfather film. Some stories lend themselves to additional chapters, but I felt this film was complete. Its protagonist-hero Michael Corleone has come full circle when he succeeds his father as “Godfather” and ultimately destroys what he had changed his life and person to protect his family."
Il avait tiré du roman ce qui l'avait frappé et pour le retranscrire à l'écran : un lieu - New-York / New-Jersey, une époque - l'après-guerre, un thème - le pouvoir, son exercice et son déclin, sa métamorphose.
Il restait cependant, principe de causalité oblige, à retracer la venue aux États-Unis d'un jeune sicilien dont le caractère ne le destinait pas à la pègre, mais dont tout devait inéluctablement l'y mener, sorte de tragédie grecque dans les ruelles et caniveaux de Little Italy. Et à en faire un film "per se" jouant en outre sur le dédoublement père / fils de deux moments de l'histoire de cette famille.
Ce qui commençait à avoir l'allure d'une saga !
"However, there was one tempting aspect for me, and that was the story in the original novel about Vito Andolini, the young Sicilian who came to America after the brutal killings of his father and mother. (...)
That part of the novel just didn’t fit within the structure of The Godfather film, yet it was great and I was always sorry that we didn’t have a place for it in the movie."
Also, I had always been interested in making a story about a father and a son in two different time periods. The father would be a character in the son’s story, as would the son in the father’s story. So little by little the idea presented itself of a structure that could become The Godfather Part II."
Coppola s'attelle à l'écriture du scénario du deuxième volet, au départ simple transposition de ce que Puzo avait retracé dans le roman : "As with the first script, I did the first pass, to lay it out and actually draft it, and then I sent it to Mario, and he made changes. Well, in reality he had done the first pass by writing his novel, and I was writing a ‘second draft’ in screenplay form. And then he would comment on that."
Modeste Coppola... On est loin d'un simple échange de brouillons... La collaboration renouvelée avec Puzo s'avèrera plus que fructueuse.
Et le trait de génie résidera dans l'enchevêtrement des deux histoires : celle, nouvelle, du jeune Vito Andolini futur Don Corleone, et la poursuite de la réflexion sur l'ascension vers le pouvoir et la sanglante dérive paranoïaque de son détenteur ultérieur, nouveau Parrain et Parrain nouveau, dans une hubris constante.
C'est ainsi que Coppola est grand...
Pour mémoire, entre les deux premiers volets de la Trilogie, Coppola occupait son temps libre avec "The Conversation", Palme d'Or à Cannes en 1974, époque heureuse où cela avait un sens, bien avant avant l'arrivée des pompeux freluquets arrogants, car incultes, dégorgés par Canal+.
Résultat : Re-bingo, pluie d'oscars et de dollars à la clé.
Mais semble-t-il clap de fin pour Coppola, qui par ailleurs s'était rendu coupable d'un médiocre scénario pour un médiocre Gatsby (Redford / Farrow ! ), mais qui avait parmi d'autres petits projets rien moins qu'Apocalypse now.
Et pour Puzo qui avait une tournée des casinos à poursuivre...
Ce qui devait arriver arriva : Coppola, qui ne pouvait se contenter d'un nouveau chef d'œuvre, distilla toute une série de bijoux qui furent autant de gouffres commerciaux. Pendant ce temps, Puzo, malgré une bonne volonté qui frisait l'acharnement, ne faisait décidément aucun progrès décisif dans l'art du jeu...
Et comme la Paramount, grand cœur, belle âme, ne pouvait pas rester insensible à leurs problèmes... quinze ans plus tard... "Oh yes, then there’s The Godfather Part III, which neither Mario nor I wanted as the title, as it was not meant to be part of a trilogy, but rather a coda to the first two films."
En effet, le scenario ne devait plus rien au roman original. Puzo et Coppola décident de le centrer exclusivement sur le personnage de Michael Corleone, son acmé et sa mort. Et, bigger than life, de le plaquer sur une architecture grandiose : l'Église romaine et ses turpitudes humaines et financières illustrées par la mort de Jean-Paul Ier et le scandale de la Banco Ambrosiano.
Avec encore et toujours, la réflexion sur le pouvoir et ses dérives au sein de deux structures comme la dite Église et la Mafia.
Le pouvoir, véritable fil rouge des trois volets : Coppola cinéaste machiavellien, sinon machiavélique.
En toute rigueur, les deux souhaitaient donner un titre original au nouvel opus : "We wished it could be given a different title, one more appropriate. Neither of us had the power to insist on our title but in my mind, the film will always be called The Death of Michael Corleone".
Pas folle, la Paramount mit son veto après avoir avancé les dollars. Pas plus mal après tout...
Dernier mot de Coppola pour situer son état d'esprit de l'époque et saluer Puzo : "As usual, it was Mario who wrote whatever quotable lines it had. “Just when I get out, they pull me back in” was from him, though it perfectly expressed my own reality regarding the course of The Godfather!"
Une anecdote pour finir...
"Once, during the filming of The Godfather Part II, I was in my mobile office and there was a knock on the one and only door (no escape route!). When my assistant opened it, a growl of a voice said, ”Mr. John Gotti is here and would like to make the acquaintance of Mr. Coppola.” Remembering Mario’s advice, I shook my head ‘”No.” My assistant politely said I was unavailable, they accepted that, and the door was closed on them."
Se non e vero.....
C'est - aussi - ainsi que Coppola est grand...
En quoi il ne fit que suivre un conseil d'élémentaire prudence et de prophylaxie de Puzo : "Despite his enormous knowledge of the Mob, the Cosa Nostra, all of that,(...) Mario himself had never known a Mafioso.
So another piece of advice he gave me was never meet them, never let them think they know you or that you are their acquaintance. It’s much like the lore of a vampire, who can never cross your threshold, unless he is invited. And I took that advice to heart, and never did I ever meet one of them."
Sage conseil à suivre en tous temps, et en tous lieux...
Il y eut les Oscars, l'accueil critique délirant que le temps confirmera et amplifiera - classé en 2007 deuxième meilleur film américain de tous les temps derrière l'intouchable Citizen Kane par l'American Film Institute, le film garde encore et toujours son statut de film-culte -, et la montagne de dollars qui en découla dès sa sortie et ne laissa personne indifférent : "There's no business like show-business !"
Car au delà de la véritable naissance de Coppola-cinéaste et de la résurrection de Brando, il s'agissait de garder la tête froide et de penser aux choses sérieuses : "After the great success of the first film, the owner of Paramount told me,“If you have the formula for Coca Cola you should make more of it.”
Les gens de la Paramount savaient ce qui importait vraiment à Hollywood. Ils avaient sous la main le détenteur du fameux 7X de la marque d'Atlanta, il n'y avait plus qu'à presser le citron...
Coppola affirme qu'il n'y avait même pas pensé, le film se suffisant à lui-même : "In truth I had never thought that there should be a sequel to The Godfather film. Some stories lend themselves to additional chapters, but I felt this film was complete. Its protagonist-hero Michael Corleone has come full circle when he succeeds his father as “Godfather” and ultimately destroys what he had changed his life and person to protect his family."
Il avait tiré du roman ce qui l'avait frappé et pour le retranscrire à l'écran : un lieu - New-York / New-Jersey, une époque - l'après-guerre, un thème - le pouvoir, son exercice et son déclin, sa métamorphose.
Il restait cependant, principe de causalité oblige, à retracer la venue aux États-Unis d'un jeune sicilien dont le caractère ne le destinait pas à la pègre, mais dont tout devait inéluctablement l'y mener, sorte de tragédie grecque dans les ruelles et caniveaux de Little Italy. Et à en faire un film "per se" jouant en outre sur le dédoublement père / fils de deux moments de l'histoire de cette famille.
Ce qui commençait à avoir l'allure d'une saga !
"However, there was one tempting aspect for me, and that was the story in the original novel about Vito Andolini, the young Sicilian who came to America after the brutal killings of his father and mother. (...)
That part of the novel just didn’t fit within the structure of The Godfather film, yet it was great and I was always sorry that we didn’t have a place for it in the movie."
Also, I had always been interested in making a story about a father and a son in two different time periods. The father would be a character in the son’s story, as would the son in the father’s story. So little by little the idea presented itself of a structure that could become The Godfather Part II."
Coppola s'attelle à l'écriture du scénario du deuxième volet, au départ simple transposition de ce que Puzo avait retracé dans le roman : "As with the first script, I did the first pass, to lay it out and actually draft it, and then I sent it to Mario, and he made changes. Well, in reality he had done the first pass by writing his novel, and I was writing a ‘second draft’ in screenplay form. And then he would comment on that."
Modeste Coppola... On est loin d'un simple échange de brouillons... La collaboration renouvelée avec Puzo s'avèrera plus que fructueuse.
Et le trait de génie résidera dans l'enchevêtrement des deux histoires : celle, nouvelle, du jeune Vito Andolini futur Don Corleone, et la poursuite de la réflexion sur l'ascension vers le pouvoir et la sanglante dérive paranoïaque de son détenteur ultérieur, nouveau Parrain et Parrain nouveau, dans une hubris constante.
C'est ainsi que Coppola est grand...
Pour mémoire, entre les deux premiers volets de la Trilogie, Coppola occupait son temps libre avec "The Conversation", Palme d'Or à Cannes en 1974, époque heureuse où cela avait un sens, bien avant avant l'arrivée des pompeux freluquets arrogants, car incultes, dégorgés par Canal+.
Résultat : Re-bingo, pluie d'oscars et de dollars à la clé.
Mais semble-t-il clap de fin pour Coppola, qui par ailleurs s'était rendu coupable d'un médiocre scénario pour un médiocre Gatsby (Redford / Farrow ! ), mais qui avait parmi d'autres petits projets rien moins qu'Apocalypse now.
Et pour Puzo qui avait une tournée des casinos à poursuivre...
Ce qui devait arriver arriva : Coppola, qui ne pouvait se contenter d'un nouveau chef d'œuvre, distilla toute une série de bijoux qui furent autant de gouffres commerciaux. Pendant ce temps, Puzo, malgré une bonne volonté qui frisait l'acharnement, ne faisait décidément aucun progrès décisif dans l'art du jeu...
Et comme la Paramount, grand cœur, belle âme, ne pouvait pas rester insensible à leurs problèmes... quinze ans plus tard... "Oh yes, then there’s The Godfather Part III, which neither Mario nor I wanted as the title, as it was not meant to be part of a trilogy, but rather a coda to the first two films."
En effet, le scenario ne devait plus rien au roman original. Puzo et Coppola décident de le centrer exclusivement sur le personnage de Michael Corleone, son acmé et sa mort. Et, bigger than life, de le plaquer sur une architecture grandiose : l'Église romaine et ses turpitudes humaines et financières illustrées par la mort de Jean-Paul Ier et le scandale de la Banco Ambrosiano.
Avec encore et toujours, la réflexion sur le pouvoir et ses dérives au sein de deux structures comme la dite Église et la Mafia.
Le pouvoir, véritable fil rouge des trois volets : Coppola cinéaste machiavellien, sinon machiavélique.
En toute rigueur, les deux souhaitaient donner un titre original au nouvel opus : "We wished it could be given a different title, one more appropriate. Neither of us had the power to insist on our title but in my mind, the film will always be called The Death of Michael Corleone".
Pas folle, la Paramount mit son veto après avoir avancé les dollars. Pas plus mal après tout...
Dernier mot de Coppola pour situer son état d'esprit de l'époque et saluer Puzo : "As usual, it was Mario who wrote whatever quotable lines it had. “Just when I get out, they pull me back in” was from him, though it perfectly expressed my own reality regarding the course of The Godfather!"
Une anecdote pour finir...
"Once, during the filming of The Godfather Part II, I was in my mobile office and there was a knock on the one and only door (no escape route!). When my assistant opened it, a growl of a voice said, ”Mr. John Gotti is here and would like to make the acquaintance of Mr. Coppola.” Remembering Mario’s advice, I shook my head ‘”No.” My assistant politely said I was unavailable, they accepted that, and the door was closed on them."
Se non e vero.....
C'est - aussi - ainsi que Coppola est grand...
En quoi il ne fit que suivre un conseil d'élémentaire prudence et de prophylaxie de Puzo : "Despite his enormous knowledge of the Mob, the Cosa Nostra, all of that,(...) Mario himself had never known a Mafioso.
So another piece of advice he gave me was never meet them, never let them think they know you or that you are their acquaintance. It’s much like the lore of a vampire, who can never cross your threshold, unless he is invited. And I took that advice to heart, and never did I ever meet one of them."
Sage conseil à suivre en tous temps, et en tous lieux...
Mario Puzo, Francis Ford Coppola.
One last for the road : The Finale.
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