Marizibill & Lola.
Marizibill
Dans la Haute-Rue à Cologne
Elle allait et venait le soir
Offerte à tous en tout mignonne
Puis buvait lasse des trottoirs
Très tard dans les brasseries borgnes
Elle se mettait sur la paille
Pour un maquereau roux et rose
C’était un juif il sentait l’ail
Et l’avait venant de Formose
Tirée d’un bordel de Changaï
Je connais gens de toutes sortes
Ils n’égalent pas leurs destins
Indécis comme feuilles mortes
Leurs yeux sont des feux mal éteints
Leurs cœurs bougent comme leurs portes
Sans ponctuation aucune, l'évocation simple et belle de Marie-Sibylle, devenue ici un "Marizibill" régurgité après passage au hachoir de la langue allemande, pute au grand ou au petit coeur - peu importe -, un de mes poèmes préférés d'Alcools.
Tout y est pour un scénario de film - enfin "film" comme on pouvait l'entendre du temps où existait un art dit "cinéma", le septième. C'est à dire libre.
Du côté de chez Fritz Lang ou de Murnau, de Pabst et de Loulou, évidemment. Du cinéma expressionniste allemand d'avant l'irruption de la barbarie - allemande.
Barbarie anglo-saxonne, sous-traitée dans la province "France" aux porteurs de valises locaux.
Lola, plus tard, rejoindra Marizibill, dans cet imaginaire allemand.
Lola, qui "travaillait avec vaillance pour un artilleur de Mayence qui n'en est jamais revenu."
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