Calligarich, fin. ( provisoire ).

Tu auras deviné, perspicace lecteur, que j'ai plus qu'apprécié l'ouvrage évoqué ici pas plus tard qu'hier.

Second extrait - car il ne faut abuser de rien - de ce "dernier été en ville" de Gianfranco Calligarich. 
Où il est question d'une de nos communes passions, lecteur bouquinant : les livres.

Au fait, je suis tombé sur une photo de la sublime Silvana Mangano - qui aurait fait une très plausible Arianna.
Enfin, je crois.




"C'est plutôt sur le dos qu'il faut chercher les pliures, parce qu'un livre qu'on tord en le lisant est un bon livre aussi. Si c'est un livre à couverture rigide, je cherche des taches, des griffures, des éraflures : tous ces indices sont valables, dis-je.

- Et si la personne qui l'a lu avant toi était une crétine ?

- Ah, il faut quand même en savoir un peu sur l'auteur ", dis-je, et puis je continuai, disant que, de toute façon, depuis l'avènement de la télévision, la lecture passait tellement de mode qu'elle n'était manifestement plus pratiquée que par des gens doués d'un certain degré d' intelligence. "Les lecteurs sont une espèce en voie d'extinction. Comme les baleines, les perdrix et les animaux sauvages en général, dis-je. Borges les qualifie d'oiseaux ténébreux et, selon lui, les bons lecteurs sont plus singuliers que les bons auteurs. Il dit que de toute façon c'est un acte postérieur, plus résigné, plus courtois, plus intellectuel. 

Non, dis-je encore, ce n'est pas ça le danger. Les livres te font une impression différente selon ton état d'esprit au moment où tu les lis. Un livre qui t'a paru banal la première fois que tu l'as lu peut te foudroyer la fois suivante juste parce qu'entre-temps tu as vécu un malheur, ou tu as fait un voyage, ou tu es tombé amoureux. Bref, parce qu'il y a eu un accident dans ta vie."


Commentaires