Chers écrivains...

d'Ambroise Vollard : « En écoutant Cézanne, Degas, Renoir »

Ambroise Vollard était bien plus qu'un marchand d'art.
Cézanne, Gauguin, Van Gogh, Matisse, Renoir, Picasso, voilà qui donne une idée de ses amitiés et de ses goûts .
Il laissa par ailleurs une importante oeuvre écrite, dont des souvenirs - En écoutant Cézanne, Degas, Renoir - parus en 1938.
Ce qui suit, extrait d'une conversation avec Cézanne, est révélateur de certains soucis majeurs du milieu littéraire de l'époque.
Bien entendu, le dit milieu est bien loin aujourd'hui de ces préoccupations mercantiles...

Vollard : "Il me semble que cela devait être d’un intérêt passionnant, les rencontres que l’on faisait chez Zola : Edmond de Goncourt, les Daudet, Flaubert, Guy de Maupassant, et tant d’autres.
Cézanne : Il venait beaucoup de monde, en effet, mais c’était bien emmerdant, ce qu’on y entendait dire. J’ai voulu un jour parler de Baudelaire : ce nom n’a intéressé personne.
Vollard : Mais de quoi s’entretenait-on ?
Cézanne : Chacun parlait du nombre d’exemplaires, auquel on avait tiré son dernier livre, en mentant un peu bien entendu. Il fallait surtout entendre les dames. Mme X disait avec fierté et en défiant du regard Mme Z "Nous avons calculé, mon mari et moi, qu’avec les éditions illustrées, le dernier roman avait été tiré à 35 000 exemplaires.
Et nous, disait Mme Z en relevant le gant, "nous sommes assurés pour notre prochain livre d’un tirage à 50 000 exemplaires, sans compter l’édition de grand luxe…"
"Voyez-vous, M. Vollard, Zola n’était pas un méchant homme, mais il vivait sous l’influence des évènements !"





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