Comme quoi...

"Mais qui est-ce qui ne plaint pas le malheureux qu’il voit souffrir ? Qui est-ce qui ne voudrait pas le délivrer de ses maux s’il n’en coûtait qu’un souhait pour cela ? L’imagination nous met à la place du misérable plutôt qu’à celle de l’homme heureux ; on sent que l’un de ces états nous touche de plus près que l’autre
La pitié est douce, parce qu’en se mettant à la place de celui qui souffre, on sent pourtant le plaisir de ne pas souffrir comme lui. L’envie est amère, en ce que l’aspect d’un homme heureux, loin de mettre l’envieux à sa place, lui donne le regret de n’y pas être. 
Il semble que l’un nous exempte des maux qu’il souffre, et que l’autre nous ôte les biens dont il jouit."
Émile ou de l'éducation, Livre IV.

Certes, le ramollissement du cerveau est peut-être déjà entamé, qui peut me porter à m'égarer en compagnie d'auteurs peu recommandables - j'ai fait profession, depuis longtemps, d'écarter ceux qui sont recommandés, ce qui limite faux pas et impasses.
Mais je ne suis pas parvenu encore à un point tel que je fasse mon miel de la fréquentation de Rousseau.

Je persiste à le tenir au large, quelque part entre un crétinisme niais et une perversité totalitaire dont la pensée de la "volonté" dite "générale" a irrigué bonne part des folies sanguinaires du siècle passé.

Cependant, le hasard, qui fait si bien ou mal toutes choses, a mis sous mes yeux ces lignes issues d'une anthologie sur "l'Art du Bonheur" ( ! ) : j'ai cru y retrouver l'ombre d'une forme de cynisme tranquille et de lucidité réjouissante familières aux lecteurs de Lucrèce ou de La Rochefoucauld.
Qui me sont compagnons autrement plus gratifiants que l'encombrant genevois.
Sale type comme dit la dame...






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